Les négociations, bloquées depuis la conférence de l'OMC en septembre, butent essentiellement sur les subventions agricoles accordées par les pays riches, et qui, selon les pays en voie de développement, constituent un frein à leurs exportations. La réunion, qui a débuté mercredi à Mombasa, dans le sud du Kenya, doit se terminer jeudi.
Y participent treize pays africains représentés par leur ministre du Commerce, le directeur général de l'OMC Supachai Panitchpakdi et le commissaire européen du Commerce Pascal Lamy. Le représentant américain au Commerce, Bob Zoellick, était attendu mercredi après-midi. Interrogé par l'AFP pour savoir si cette réunion, qui se déroule à huis clos dans un hôtel luxueux, visait à relancer les négociations, le ministre tanzanien du Commerce, Juma Ngasongwa, a répondu : "C'est l'idée".
"Il est possible (...) que l'on soit capable d'établir un programme qui nous conduira à la reprise des négociations", a-t-il encore déclaré. Environ "80% de notre population travaille dans l'agriculture, donc ce que nous disons est +vous, Européens (et autres pays riches), réduisez vos subventions pour que nous puissions participer à votre marché", a-t-il ajouté.
Les cours de produits tanzaniens exportés, comme le café, le coton, le thé ou encore les noix de cajou, sont actuellement "très bas, essentiellement à cause des subventions", a-t-il affirmé. "Au cours des dix dernières années, nous nous sommes engagés dans des réformes économiques et politiques, nous avons libéralisé, et au même moment, vous, les Européens, le Japon et les Etats-Unis n'avez pas libéralisé, vous avez construit de nombreuses barrières qui font que nos produits ne sont pas compétitifs", a poursuivi le ministre.
"Comment pouvez-vous nous dire de continuer à entreprendre ces réformes, quand vous faites exactement l'inverse ?", a-t-il lancé. Selon un communiqué commun publié mercredi au Kenya par plusieurs organisations non-gouvernementales (ONG), les pays riches ont dépensé environ un milliard de dollars (776 millions d'euros) par jour pour "des subventions agricoles qui dénaturent le commerce".
"On estime que les trois milliards de dollars (2,3 milliards d'euros) dépensés par les Etats-Unis (chaque année) pour aider les producteurs de coton réduisent d'un quart les cours mondiaux", ajoute le groupe d'ONG qui comprend notamment Oxfam, ActionAid et Eco-News Africa. Pascal Lamy a présenté mercredi ses propositions pour sortir de l'impasse, mais elles n'ont pas été rendu publiques. Les pays africains devraient y répondre dans la journée.
La semaine dernière, l'Union européenne (UE) avait annoncé un plan d'action pour aider les pays en développement dépendant de leurs exportations de matières premières à accroître leurs revenus et à mieux se protéger contre les fluctuations des prix sur les marchés mondiaux. De son côté, Robert Zoellick avait annoncé mardi que les Etats-Unis étaient disposés à réduire leurs aides à l'exportation a condition que l'UE et le Japon fassent de même.
La semaine dernière, il avait mis en garde les pays réticents à poursuivre des négociations mondiales sur la libéralisation du commerce sur le fait qu'ils risquent de "rester sur la touche" car les Etats-Unis concluent des accords bilatéraux. Le cycle de négociations de l'OMC lancé à Doha (capitale du Qatar) en novembre 2001 doit en principe être conclu à la fin de cette année.
Les treize pays africains qui participent à la réunion de Mombasa sont le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie, l'Egypte, le Maroc, Maurice, le Lesotho, le Bénin, le Botswana, le Malawi, l'Afrique du Sud, le Sénégal et le Ghana. |