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Marges arrières Front uni du gouvernement et des agriculteurs contre la distribution

PARIS, 2 mars 2004 - La grande distribution, et en particulier le groupe Leclerc, cristallise actuellement les critiques des agriculteurs comme du gouvernement, qui l'accusent à la fois de marges abusives rendant les produits trop chers et de ne pas rémunérer convenablement les agriculteurs.

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Ainsi mardi, le secrétaire d'Etat au Commerce Renaud Dutreil en visite au Salon de l'Agriculture, a dénoncé "la dérive des marges arrière" des distributeurs qui pénalise selon lui autant "les consommateurs que les producteurs et les agriculteurs". Citant le groupe Leclerc, il a expliqué avoir infligé davantage de sanctions.

Les marges arrière (sommes que les distributeurs demandent à leurs fournisseurs pour des prestations commerciales réelles ou fictives) ne concernent pas les produits agricoles. Mais les agriculteurs estiment, eux aussi, que la grande distribution empoche des "marges" à leurs dépens. Aussi, relayant le ministre, le président des Jeunes Agriculteurs, Jérôme Despey, a regretté la faiblesse du montant des amendes et prévu une action vendredi dans des magasins.

De con côté, le groupe Leclerc s'estime inattaquable puisqu'il propose les prix "les moins chers du marché" et se place donc en défenseur du consommateur. Il se juge aussi légitime à critiquer la loi Galland, qui selon lui "l'empêche de baisser les prix sur les grandes marques et protège les multinationales".

Il mène actuellement sur ce thème une campagne d'affiches, qui proclame que le pouvoir d'achat effectif des Français a baissé, ce qui a suscité la colère du gouvernement, embarrassé par les possibles répercussions électorales. En effet, le système Galland, qui interdit de faire des rabais au delà de la facture officielle, a créé un cercle vicieux : les marques augmentent leurs tarifs officiels, parallèlement les distributeurs augmentent les sommes demandées en marges arrière. Industriels et distributeurs maintiennent ainsi leur marge tout en gonflant leurs chiffres d'affaires - et la TVA versée à l'Etat - mais le prix augmente pour le consommateur final.

M. Dutreil a lancé mardi plusieurs nouvelles attaques contre Leclerc, en affirmant que la coopération commerciale représentait 27% du chiffre d'affaires de Leclerc en 2003. Ce que Michel-Edouard Leclerc a démenti, en estimant les marges arrières à "6 à 7%" de son chiffre d'affaires. Le ministre a aussi soutenu mardi que la "dérive des marges arrière" de la distribution "provoque une inflation atypique des prix, supérieure à celle relevée par l'Insee". Mais toute critique sur les prix fait sourire Michel-Edouard Leclerc, qui a riposté : "si le ministre trouve qu'il y a trop de marges arrière, il faut modifier cette loi".

M. Leclerc s'est dit convaincu que le gouvernement, empêtré dans cette contradiction, ne pourra l'éviter. La modification pourrait prévoir des garanties pour l'agriculture et les PME, mais permettrait de baisser les prix des grandes marques, selon lui. M. Dutreil a rappelé qu'il "aviserait" dans un mois sur la loi Galland. A noter que mardi, outre la distribution, il a aussi accusé les "multinationales qui elles aussi abusent" du système des marges arrière.

Les grands industriels pourraient bien devenir aussi des boucs émissaires : c'est avec eux que les agriculteurs négocient actuellement - sans succès - un prix garanti du lait. Les producteurs de lait ont interpellé Jacques Chirac au Salon de l'Agriculture samedi, et le Président leur a apporté son soutien.


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