"Notre détermination est intacte et tant que les OGM seront dans nos assiettes et dans nos champs nous continuerons le combat", a expliqué Jean-Emile Sanchez, porte-parole de la Confédération paysanne, au lendemain du fauchage avorté à Solomiac (Gers). "Je constate tout de même que les pouvoirs publics sont plus prompts à protéger les intérêts privés de quelques multinationales plutôt que d'écouter la très grande majorité des Français qui sont opposés aux OGM", poursuit le syndicaliste paysan pour qui "la neutralisation des essais n'est de toute façon que la partie visible" d'une démarche visant à sensibiliser l'opinion.
Dimanche, le collectif des Faucheurs volontaires, qui revendiquent plus de 3.200 membres, n'a pas pu passer à l'action comme il l'avait fait cet été à Menville (Haute-Garonne), à Marsat (Puy-de-Dôme) ou Pithiviers (Loiret). Dans le Gers, la parcelle de maïs OGM visée avait été protégée par trois rangées de barrières et les gendarmes mobiles ont repoussé les faucheurs à grand renfort de grenades lacrymogènes et avec quelques coups de matraques.
"L'objectif est toujours de créer un vrai débat sur la place publique et pour cela de mobiliser l'opinion", indique José Bové, qui a fait partie dimanche de la dizaine de personnes entendues par les gendarmes puis relachées quelques heures plus tard. "Ce qui s'est passé dimanche et cet été va totalement dans ce sens", a estimé lundi le porte-parole de Via Campesina, l'organisation paysanne internationale.
Mais dans l'esprit de José Bové et de ses collègues faucheurs, un débat implique nécessairement un moratoire sur les essais en plein champ, accusés de pouvoir potentiellement contaminer les cultures non OGM. Le gouvernement n'a pas souhaité aller dans ce sens et a autorisé au printemps de nouveaux essais OGM en plein champ.
Lundi, le ministre délégué à la Recherche, François D'Aubert, a fait valoir que la recherche sur les OGM était "indispensable" et a évoqué "l'hystérie destructrice" des anti-OGM. Selon lui, on cherche "à accréditer l'idée qu'il n'y a pas de garantie suffisante de prise pour faire de l'expérimentation en plein champ".
Malgré la fermeté du gouvernement, les opposants aux OGM estiment que leur travail commence à payer. "Plus de 2.000 maires ont pris des arrêtés anti-OGM, des conseils régionaux partagent nos critiques et le Conseil général du Gers veut consulter les habitants", avance Jean-Emile Sanchez. Pour lui, si "on n'avait pas imposé ce débat depuis plusieurs années, avec des moyens parfois illégaux, la France serait remplie d'OGM qui n'ont aucun intérêt ni pour les consommateurs, ni pour les agriculteurs". |