La dénonciation de cet accord de 1999 risque selon les syndicats de mettre à mal la paix sociale dans l'entreprise, au sein d'un secteur aux conditions de travail "difficiles" Aucune organisation syndicale n'a entériné cet alignement sur le minimum légal en matière de temps de travail dans ce groupe volailler basé à Châteaulin (Finistère), qui avait par ailleurs annoncé, fin juillet, un plan de suppression de quelque 300 emplois.
Doux, touché de plein fouet par la crise avicole, avait dénoncé voici un an et demi un accord de 1999 sur les 35 heures signé à l'époque par la seule CFDT. Les négociations entamées au printemps avec les partenaires sociaux n'ont pas abouti, d'où une application stricte de la loi à compter du 1er juillet. "Les gens s'étaient habitués à ces congés et aujourd'hui ils doivent travailler presque aussi longtemps qu'avant. Les salariés vieillissent, les cadences ne baissent pas, ça va générer des arrêts de travail et maladies professionnelles", prévient Michel Le Guellaud, délégué central CGT de l'entreprise.
De son côté, Khaoui Slimane, responsable CFDT, syndicat majoritaire, confirme le désappointement général surtout de la part des salariés à la production qui traitent "entre 500 et 2.000 poulets à l'heure". "La plupart sont payés au SMIC et vivent très mal la perte des RTT", affirme-t-il. Les "ajustements" d'horaire évoqués jeudi par la direction dans un communiqué feraient perdre au moins 1.000 euros par an aux salariés, soit en gros un mois de rémunération, les journées RTT permettant de faire des économies sur les budgets transport et garde d'enfants, selon les syndicats.
Dans le manque à gagner, figure également la non-prise en compte des pauses obligatoires, 2H30 au total, ce qui a pour effet d'imposer un temps de travail de 37H30 par semaine au lieu des 35H00 annoncées, selon les syndicats. Auparavant, la durée hebdomadaire du travail était fixée à 39H00, avec compensation de 23 jours ouvrés par an au titre de la RTT, assortis de 2,5 heures par semaine pour les pauses, d'où une moyenne de 32,83 heures travaillées par semaine.
"Sans le contexte de restructuration, les salariés auraient déjà réagi. Peut-être aussi n'ont-ils pas eu le temps de réaliser combien c'était une perte considérable pour eux", explique le délégué CFDT. Rejetant les "comparaisons rapides" avec d'autres entreprises, le groupe Doux affirme s'inscrire "résolument dans une perspective de continuation d'activité et de développement futur (...) en aucune façon nous ne mettrons en péril l'avenir de nos salariés et de leurs familles", souligne-t-il.
Selon la CFDT, le groupe Doux a reçu 50 millions d'euros des pouvoirs publics lors de la mise en place des 35H00. Le groupe volailler compte quelque 13.000 salariés dont 7.000 à l'étranger. 3.500 salariés sont employés dans une dizaine d'établissements du grand Ouest et 2.500 dans le Nord de la France. |