"J'ai demandé au Premier ministre de faire preuve de la plus grande fermeté et d'intervenir pour que les deux commissaires européens qui mènent la négociation ne signent pas un texte dévastateur pour nos agricultures", a déclaré le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, à l'issue d'un entretien avec M. Raffarin. "Il m'a assuré de la détermination du gouvernement, m'assuré qu'il allait intervenir auprès du président de la Commission. Je pense qu'il va intervenir dès ce soir ou demain matin", a ajouté M. Lemétayer, qui a rencontré M. Raffarin pendant plus d'une heure.
Le Premier ministre interviendra sur le sujet auprès de Romano Prodi, président de la Commission européenne, dans "les jours à venir", a-t-on confirmé à Matignon. La France a déjà appelé lundi l'UE à rejeter le compromis avancé par l'OMC, qui propose d'éliminer les subventions versées aux exportations agricoles pour relancer les négociations multilatérales du cycle de Doha avant l'échéance de fin juillet.
"Contrairement à ce que disent les commissaires, il n'y a pas urgence à boucler ce dossier d'ici la fin juillet", a affirmé M. Lemétayer en notant que le Parlement européen venait d'être renouvelé, que la Commission allait l'être et qu'une élection présidentielle aurait lieu à la fin de l'année aux Etats-Unis. "S'il faut reprendre le dossier au début 2005, il n'y a pas péril en la demeure, bien au contraire. Là où il y a péril, c'est s'il devait y avoir un accord sur le texte tel que nous le connaissons", a-t-il insisté. "Le commissaire (Pascal) Lamy avait fait des propositions, mis sur la table un certain nombre de concessions de la part de l'Europe. Il n'y a en face aucune concession de la part des Etats-Unis", a-t-il affirmé.
M. Lemétayer a estimé que la France n'était pas seule dans son opposition à ce projet de compromis. "Il y a beaucoup d'intox. Le commissaire européen dit avoir une majorité de pays, mais quand on y regarde de plus près, je ne suis pas si sûr que lui", a-t-il déclaré. Le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler a réaffirmé lundi que la Commission considérait les propositions de l'OMC comme "une bonne base" et s'est félicité du soutien de la majorité des 25 pays de l'UE à la volonté de Bruxelles d'arriver à un accord fin juillet. |