Login

Marges arrière Sarkozy met la pression pour une baisse des prix

PARIS, 3 juin 2004 - Le ministre des Finances Nicolas Sarkozy, qui préside ce jeudi matin une table ronde sur la distribution, va faire pression sur les industriels des grandes marques et les distributeurs pour qu'ils s'engagent à baisser leurs prix de 3% à court terme et de 5% à moyen terme, selon des sources professionnelles concordantes.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Légalement, les prix sont libres et les ententes interdites. M. Sarkozy va donc tenter la solution de l'engagement solennel sous l'égide du gouvernement. Avec cette proposition, dévoilée par La Tribune mercredi, et négociée jusqu'au dernier moment, le ministre s'immisce directement dans le duel entre industriels et grandes surfaces, qui empêche de baisser les prix pour le consommateur.

Malgré l'incertitude juridique du procédé, relevée par les professionnels, le ministre entend aller droit au but recherché et proclamé: réduire les prix pour le consommateur et ainsi relancer la consommation et soutenir la croissance. Il s'agit aussi, en principe, de diminuer les "marges arrière", ces montants que les industriels reversent aux distributeurs et qui sont devenues de facto la seule source de bénéfice des grandes surfaces. Les distributeurs ne font en effet plus de marges officielles sur la vente des produits de grandes marques, revendus quasiment au même prix que le tarif industriel, en dessous duquel la loi Galland interdit de revendre.

Marges arrière et tarifs industriels augmentent parallèlement, d'où pour le consommateur des prix en hausse constante. Comme il l'avait promis dès son arrivée à Bercy, M. Sarkozy réunira jeudi une table ronde sur le sujet avec les grands patrons de la distribution, les leaders agricoles, les représentants des industriels et des consommateurs. Le ministre demandera à chacun de s'engager à faire des efforts. Les industriels seront priés de baisser leurs tarifs aux distributeurs, et ces derniers de répercuter ces baisses sur le consommateur, dans des proportions de 3% à court terme et 5% à moyen terme.

Les distributeurs devront aussi baisser leur "marges arrière", mais cette baisse, non quantifiée, est renvoyée à la négociation entre les parties. Qui paiera la baisse des prix au consommateur ? Tout dépendra des marges arrière. Si elles baissent autant que les tarifs industriels, le distributeur paiera la note. Si elles restent inchangées, tout retombe sur l'industriel. Ce point suscite méfiance et scepticisme chez les industriels. "S'il s'agit de baisser les prix des marques nationales pour le consommateur, cela nous va. Mais il faut savoir qui paie, nous ne voulons pas être les contributeurs privilégiés", a averti l'ILEC (Institut de liaison des entreprises du commerce, qui regroupe les grands fabricants).

Les distributeurs pourront de plus offrir des promotions supplémentaires car ils pourront réintégrer leurs coupons et autres bons de réductions dans les factures aux industriels. Cela leur permettra, sans être accusés de revente à perte, de mener un début de guerre des prix. Nicolas Sarkozy pourrait même autoriser les grandes surfaces à s'agrandir --y compris les hypermarchés, bloqués depuis des années-- à condition que les mètres carrés supplémentaires soient consacrés aux PME. Il devrait aussi proposer de supprimer les "accords de gamme" par lesquels les industriels demandent aux distributeurs d'installer en rayons tout leur assortiment, évinçant les PME.

Un observatoire des prix contrôlera le respect de ces engagements. La solution Sarkozy divise les professionnels: les PME sont favorisées, les Centres Leclerc et Carrefour peuvent espérer ressortir gagnants d'une guerre des prix, mais d'autres distributeurs et les industriels se méfient.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement