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Réunion informelle des ministres de l'Agriculture L'Europe s'attelle à la défense de son modèle agricole décrié

DUBLIN, 9 mai 2004 - La défense du modèle agricole européen, à l'heure où l'Organisation mondiale du commerce (OMC) cherche encore les moyens de relancer le cycle de Doha, est au coeur des travaux des ministres européens de l'Agriculture, réunis en conclave informel de dimanche soir à mardi en Irlande.

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L'ouverture des marchés agricoles reste la principale pierre d'achoppement des discussions à l'OMC. Depuis des années, les subventions versées par les Européens à leurs exploitants sont fustigées notamment par les pays en développement et les organisations non-gouvernementales.

Entre deux excursions dans le cadre bucolique de Killarney (sud-ouest), le ministre irlandais Joe Walsh entend donc plancher deux jours durant avec ses collègues sur les moyens de redresser un déficit d'image pas toujours justifié par les chiffres.

La présidence irlandaise de l'UE met en avant, dans le document de travail de la rencontre, l'"ampleur" des réformes de la politique agricole commune (PAC) de 1992 et 2003 et l'accès préférentiel "considérable" accordé aux produits des pays pauvres sur le marché communautaire.

"Pourtant, lors des négociations dans le cadre du cycle de Doha pour le développement, l'UE s'est trouvée sans cesse confrontée à des exigences toujours plus nombreuses", s'inquiète Dublin, traditionnellement proche en matière agricole des "poids lourds" européens que sont la France et l'Espagne.

Et de regretter que l'Union ne soit "pas parvenue à faire comprendre à ses partenaires de l'OMC l'importance des réformes de son régime de soutien interne et la valeur, ou la valeur potentielle, des concessions commerciales qu'elle a faites".

La présidence irlandaise appuie son constat de statistiques révélatrices. Les aides agricoles européennes les plus nuisibles à la concurrence, qui représentaient 85% de l'ensemble du budget de la PAC dans les années 80 sont tombées à 50% avant la dernière réforme de 2003, avance-t-elle.

De surcroît, les trois quarts au moins de celles restantes devraient rentrer dans la "boîte verte" où l'OMC range les subventions n'entraînant que des distorsions "minimales ou nulles", avec la coupure partielle ("découplage") en 2005 du lien entre le niveau des aides versées et les quantités produites.

La contraction de la part des exportations agricoles de base de l'UE témoigne pour l'Union des efforts déjà accomplis. La part du blé européen sur le marché mondial est passée de 30% en 1992 à 7,5% en 2002, celle du boeuf de 27% en 1994 à 5% en 2002, celle de la viande de porc de 62% à 43%.

Outre les deux réformes de la PAC et les accords avec les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), l'UE a aussi instauré pour la plupart des pays en développement un "système de préférences généralisées" (SPG) favorisant l'accès à son marché de quelque 7.000 produits de base.

Dans le cas des pays les moins avancés, "seules les importations de bananes fraîches, de riz et de sucre ne sont pas complètement libéralisées", fait valoir la présidence irlandaise, affirmant "comprendre difficilement que l'UE subisse encore des pressions dans le cadre du cycle de Doha".

Faute d'une meilleure défense de la PAC, l'UE risque à ses yeux de voir sa politique agricole déterminée "pas des forces extérieures, à mesure que ses partenaires de l'OMC continuent d'exiger d'elles de nouvelles réformes". En filigrane se profile l'exigence sans cesse réaffirmée de voir les autres géants du commerce agricole international y mettre aussi du leur.

Première importatrice au monde (62,3 milliards d'euros en 2002), l'UE absorbe 85% des productions africaines et 45% de celles d'Amérique latine, et accueille chaque année plus de produits agricoles des pays pauvres que les Etats-Unis, le Japon, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande réunis.


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