Au lendemain de sa prise de fonctions, le successeur de Pascal Lamy a rendu visite au directeur-général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi, afin de démontrer son attachement au cycle de libéralisation commerciale lancé à Doha (Qatar) en 2001, et de rappeler d'emblée aux partenaires de l'Union européenne que celle-ci attend d'eux une contrepartie.
"La négociation doit se faire dans les deux sens", a déclaré à la presse le nouveau responsable du commerce européen à l'issue de la rencontre. "L'Europe continuera à jouer tout son rôle pour faire réussir le cycle de négociations, mais nous ne pouvons pas être les seuls à jouer les banquiers", a ajouté Peter Mandelson.
Le commissaire a assuré que Bruxelles tiendrait les engagements pris en juillet dernier, lorsque les Européens ont accepté la fin des subventions aux exportations agricoles, répondant ainsi à une vieille exigence des pays en développement.
Mais le cycle de Doha "doit bénéficier aussi aux autres participants", a ajouté le commissaire, un Britannique considéré comme étant très proche du Premier ministre Tony Blair.
"Il est désormais essentiel de faire des progrès beaucoup plus rapides sur les questions non-agricoles, sur le commerce des biens et services et sur l'antidumping", a-t-il ajouté, précisant qu'il attendait "des engagements sérieux" de la part des autres membres de l'OMC.
Peter Mandelson a demandé particulièrement aux "pays en développement le plus avancés", comme le Brésil, la Chine ou l'Inde, d'ouvrir davantage leurs marchés aux produits industriels.
Il a en outre indiqué qu'il attendait "des offres plus ambitieuses" de la part des autres pays sur l'ouverture du commerce des services, avant une échéance fixée en mai prochain. "Ce qui se trouve actuellement sur la table est loin d'être à la hauteur", a-t-il estimé. "Si ces engagements ne se présentent pas, nous ne réussirons pas".
Peter Mandelson a dit qu'il espérait parvenir à faire progresser suffisamment le cycle de Doha avant la conférence qui rassemblera les ministres des 148 pays membres de l'OMC à Hong-Kong en décembre 2005, en vue de conclure les négociations en 2006.
"C'est faisable mais difficile", a-t-il observé.
Ce cycle aurait dû s'achever fin 2004 mais a été bloqué par l'échec de la conférence de Cancun (Mexique) l'an dernier. Il a été relancé l'été dernier à Genève par un accord sur le "cadre" de la négociation.
Peter Mandelson a estimé que l'Union européenne avait à cette occasion "montré beaucoup de souplesse" en matière agricole et que la relance du cycle n'aurait pas été possible sans les concessions européennes en la matière.
Il a par ailleurs laissé entendre que l'Union européenne n'excluait pas d'avoir un candidat pour occuper le poste de directeur-général de l'OMC, sans préciser s'il pourrait s'agir de son prédécesseur.
Pascal Lamy, qui vient de quitter ses fonctions de commissaire au Commerce après cinq années à Bruxelles, a indiqué la semaine dernière qu'il n'excluait pas d'être candidat pour remplacer Supachai Panitchpakdi, dont le mandat arrive à échéance en septembre prochain.
Les candidats doivent se faire connaître officiellement courant décembre. |