Le cours du porc a chuté de 6,4 cents à 0,907 euros le kilo jeudi sur le marché breton du porc à Plérin (Côtes d'Armor), qui sert de référence au niveau national. Il n'était pas tombé sous la barre des 0,91 depuis le 17 mai 1999. Un nouveau coup dur pour les éleveurs qui réclament une remontée des cours au dessus de leur prix de revient (entre 1,36 euros et 1,4 selon eux). Un niveau que le marché n'a pas retrouvé depuis septembre 2001. En Pays de la Loire, "une exploitation de taille moyenne (120 truies), a perdu 122 000 euros en cinq ans", affirme Claude Charon, président de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA, majortaire) de Mayenne. Le marché du porc "a besoin de mise en ordre de la part des pouvoirs publics pour que les règles (sociales et environnementales) soient les mêmes pour tout le monde" en Europe, estime Claude Charon. Pour lui ce sont les "importations massives" de porc espagnol, soumis à une réglementation moins rigoureuse, qui fausse les règles du jeu. "Les éleveurs espagnols, eux, utilisent des graisses animales pour leur porc et leurs charges salariales sont moindres. Du coup leur prix de revient est inférieur au nôtre : 1,20 euro", renchérit Christian Piron, président de la commission porcs des Jeunes agriculteurs (JA) d'Ille-et-Vilaine. L'éleveur plaide pour des stockages provisoires de viande. Claude Charon préfère des subventions à l'exportation pour les morceaux qui ne se vendent pas sur le marché français où seuls les jambons et les côtes sont demandés. Les éleveurs français n'ont jamais regagné les parts de marché perdues en Asie notamment avec la crise européenne de la fièvre aphteuse. Là n'est pas l'essentiel, estime pour sa part Pierre Brosseau de la Confédération paysanne (minoritaire). "La principale raison de la crise c'est l'excès de la production en France et en Europe" et non les importations, pense l'éleveur : "face à la baisse de la consommation, la seule solution, c'est de réduire l'offre". "Il faut produire des porcs plus légers, c'est-à-dire les abattre une semaine plus tôt. On l'a bien vu cet été avec la canicule, les bêtes étaient plus légères et le cours est remonté", poursuit-il. Une solution qui n'enthousiasme pas les adhérents de la FNSEA qui craignent de perdre de nouvelles parts de marché si leurs concurrents en profitent pour s'engouffrer dans la brèche d'une baisse importante de la production française. Pour Pierre Brosseau, "c'est un risque". Mais en l'état actuel des choses "on est en train de se ruiner". "Il faudrait définir au niveau européen les quantités de porc dont on a besoin au vue de la consommation", pense l'éleveur qui n'exclut pas le cas échéant de remettre des protections aux frontières européennes. Les deux syndicats pointent en outre du doigt les intermédiaires de la filière porcine, des abatteurs aux distributeurs en passant par les transformateurs, qu'ils accusent de ne pas répercuter la baisse des cours sur les prix de vente aux consommateurs. Claude Charon appelle ainsi à un "regroupement" des vendeurs (les éleveurs) trop éparpillés dans leurs négociations face aux acheteurs (la distribution). |