L'enjeu lors de la conférence de l'OMC en septembre est de convaincre que "la mondialisation du marché des produits agricoles et alimentaires est une absurdité", a expliqué à l'AFP Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA. "On ne peut traiter ce marché comme d'autres marchés industriels, alors que les conditions et donc les coûts de production sont très différents d'une région du monde à l'autre". "Pour être durable, l'agriculture doit être économiquement viable", a martelé Jérôme Despey, président des Jeunes Agriculteurs, refusant la doctrine du libre-échange qui va de pair avec le concept de prix mondial. "Généraliser le prix mondial, c'est une absurdité d'autant plus qu'il y a très peu d'agriculteurs au monde capables de vivre de ce prix", renchérit M. Lemétayer. Le libre échange n'offre pas une alternative crédible aux paysans des pays en développement pas plus qu'à ceux de l'Union européenne, estiment les deux syndicats. Même son de cloche de la Confédération Paysanne qui dénonce "les projets en chantier", notamment ceux "visant à la libéralisation totale des échanges agricoles", indique Jean-Damien Terreaux, chargé du dossier agricole. La meilleure réponse aux pays en développement est "de se battre pour une autre approche de ces échanges", consistant en des "marchés régionaux protégés", assure M. Lemétayer. Ces espaces régionaux permettraient à ces pays de se développer naturellement", renchérit M. Despey qui dénonce "les discours de dupes des Américains et Groupe de Cairns". Il ne suffit pas de "donner des perfusions et de continuer à laisser produire à bas prix. Ce n'est pas à coup de dollars qu'on résout les problèmes", lance-t-il. A Cancun, les Jeunes Agriculteurs présenteront la déclaration commune rédigée en juin à Paris lors de leur congrès mondial qui pose les bases d'une politique agricole "juste et équitable, fondée sur les prix, dont l'objectif premier est de permettre à tous les paysans du monde de vivre dignement de leur métier". Autre priorité, celle de la préférence communautaire, souligne M. Lemétayer qui estime que l'Union européenne, à la suite des divers accords passés, "a largement entamé sa protection tarifaire avec une économie de plus en plus ouverte". Qualité, sécurité sanitaire, protection de l'environnement, bien-être animal ont un coût qui justifie le maintien de la préférence communautaire, relève-t-il. "Nous allons demander de pouvoir préserver des mécanismes de régulation", renchérit M. Despey. Le principal instrument de la régulation des marchés intérieurs est la protection douanière et c'est ainsi que l'on peut "garantir des prix et un revenu aux agriculteurs". "Réduire les droits de douanes aboutirait à une accentuation des baisses de prix au sein de l'Union européenne. Cela fragiliserait d'autant les paysans", prévient M. Terreaux. Evoquant les soutiens à l'agriculture au sein de l'UE, la FNSEA juge que l'Europe "a fait sa part de chemin". Désormais, les paysans français sont "fondés à refuser toute concession supplémentaire en matière de soutien interne". Les agriculteurs vont également plaider pour une "mise à plat de tous les dispositifs déployés en matière de soutiens à l'exportation" (restitutions européennes, soutiens directs ou indirects, aides alimentaires...). |