OMC
Pascal Lamy prudent sur les chances de succès de Cancun
par AFP04/09/20033 min de lecture
BRUXELLES, 4 sept (AFP) - Le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy est resté prudent jeudi à Bruxelles sur les chances de succès de la conférence ministérielle de l'OMC de Cancun (Mexique), avertissant toutefois qu'un échec des pourparlers constituerait "une mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale".
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"Je ne veux pas dire que nous sommes optimistes ou pessimistes", a déclaré M. Lamy lors d'une conférence de presse avec son homologue à l'Agriculture Franz Fischler, qui le secondera pour négocier au nom de l'UE à Cancun.
"Un mauvais résultat à Cancun serait une mauvaise nouvelle pour l'économie mondiale", a-t-il cependant ajouté.
Pascal Lamy s'est néanmoins montré confiant dans la volonté des Etats-Unis de conclure comme prévu d'ici la fin de l'année prochaine le cycle de négociations engagé par l'OMC en 2001 à Doha.
"L'administration actuelle américaine maintient son engagement vis-à-vis de l'échéance de fin 2004 comme l'a affirmé mercredi le président Bush", a-t-il affirmé.
L'accord trouvé mi-août entre l'UE et les Etats-Unis sur le volet agricole des négociations à l'OMC "signifie" que les Américains devront procéder à "une réforme de leur politique agricole et de son mode de financement", a ajouté le commissaire.
"Je ne pense pas que les Etats-Unis" auraient conclu "cet accord à mi-parcours, négocié en août, si leur engagement n'était pas ferme". "Les Américains sont disposés à réfléchir aux difficultés qu'ils auront dans la réforme de leur mode de soutien agricole", a-t-il affirmé.
Le commissaire européen au Commerce a réaffirmé que l'agriculture, sujet le plus controversé des négociations à l'OMC, n'était qu'un dossier parmi d'autres dans "le menu à 20 plats" sur la table de Cancun.
Il a rappelé qu'un accord global d'ici fin 2004 sur le cycle de Doha ne dépendait pas de ce seul sujet, mais nécessitait au contraire un accord sur tous les dossiers.
Pascal Lamy a par ailleurs insisté sur le souhait de l'UE de voir la réunion mexicaine se pencher sur l'établissement de nouvelles règles en matière d'investissement.
"Nous considérons que les sujets dits de Singapour (investissement, concurrence, marchés publics) sont au centre de l'établissement de règles du jeu communes, sans lesquelles les effets positifs du libre échange ne se produiront pas", a-t-il affirmé.
L'UE souhaite que l'investissement "fasse partie des négociations", car l'établissement de règles multilatérales" en la matière "sont préférables aux règles bilatérales", a argué le commissaire.
"Les propositions mises sur la table" par l'UE dans le domaine de l'investssement "n'ont rien à avoir avec l'Accord multilatéral sur l'investissement" (Ami), négocié sous l'égide de l'OCDE et rejeté en 1998. L'UE plaide pour des "règles claires et transparentes" en la matière. La Commission estime que les membres de l'OMC devront décider à Cancun des "modalités" de ces négociations pour permettre un accord à fin 2004. M. Lamy a reconnu toutefois que le sujet ne fait pas "l'objet d'un consensus".
Plusieurs pays en développement ainsi que des ONG sont opposés à l'ouverture à Cancun de négociations sur les sujets dits "de Singapour", estimant que les nouvelles règles avantageront les investisseurs étrangers au détriment des pays pauvres.