Login

Traire une fois par jour Une solution pour éviter le dépassement de quota

Passer à la traite une fois par jour peur permettre de ne pas dépasser son quota. Cette solution permet de réduire de 30% sa production de lait. Avec à la clé un lait plus riche en TP et TB... mais aussi un risque d’accroissement du nombre de cellules. Explications et conseils pratiques, par l’Institut de l’élevage.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Par l’Institut de l’élevage (Valérie Brocard)
http://www.inst-elevage.asso.fr

Sommaire (cliquez sur le titre qui vous intéresse) :

Alerte au dépassement de quota !

Après six campagnes laitières pendant lesquelles la France a été le bon élève de l’Europe en respectant parfaitement son quota, celle qui se termine fin mars 2003 ne prend pas le même chemin. Le ministère de l’Agriculture vient de tirer le signal d’alarme. Si la collecte ne baisse pas de 5% sur le premier trimestre il ne sera pas possible de résorber l’excédent actuel de 310.000 tonnes par rapport à la collecte de l’année dernière à même époque.

Une telle perspective fait bien sûr craindre des pénalités à la charge des éleveurs et des entreprises comme lors de la dernière campagne excédentaire de 1995/96 mais cette situation contribue aussi au déséquilibre du marché et pèse sur les prix.

Un coup de frein sur la collecte est donc nécessaire.

Passer à une traite par jour une solution possible

Pour des éleveurs en situation de risque de dépassement, passer à une traite par jour peut être envisagé, en fin de campagne, comme un moyen de réduire les livraisons et d’éviter les pénalités. Cette technique que certains éleveurs utilisent déjà régulièrement (voir encadré page 4) a fait l’objet d’expérimentations de l’INRA et de l’Institut de l'Elevage associé aux EDE et Chambres d’Agriculture de Bretagne pour en mesurer les effets et déterminer les conditions d’une bonne mise en œuvre. Les premiers résultats ont été présentés aux Rencontres scientifiques 3R de décembre 2002.

Ce document présente la synthèse des résultats acquis ainsi que les conseils d’application.

Une traite par jour c’est 30 % de lait en moins... d’un lait plus riche...

Le tableau 1 ci-dessous récapitule les résultats des expérimentations françaises (INRA 1997, 2001, 2002 et Institut de l'Elevage –EDE CA de Bretagne en cours) qui ont consisté à passer de deux traites à une traite en début ou au milieu de la lactation ou à carrément ne traire qu’une fois pendant toute la lactation.

Tableau 1: synthèse des résultats des différentes expérimentations :

critère

Effet suppression 1 traite

Lait brut/lactation (kg)

- 30%

TB (g/kg)

+ 3 à 4

TP (g/kg)

+ 1.5 à 2

Etat d’engraissement

+

Quantités ingérées (kg MS)

-0.5 (première moitié de lactation)

à –1.5 en fin de lactation

Cellules

+

Les résultats de ces différentes études convergent en ce qui concerne la baisse du niveau de production qui va de 20 à 30 %. Elle s’accompagne d’une augmentation des taux importante. Dans toutes les expérimentations réalisées avec des vaches Holstein le niveau d’ingestion s’est maintenu quand la réduction à une traite n’était que momentanée sur quelques semaines Elle constitue un bon moyen pour maîtriser le déficit énergétique de début de lactation et ainsi optimiser le TP et les performances de reproduction des VL. Appliquée sur plusieurs semaines, elle peut favoriser l’engraissement des vaches et se concrétiser par un point de note d’état en plus.

...mais attention à l’augmentation des cellules !

Le passage à une traite en cours de lactation peut s’accompagner d’une augmentation des taux cellulaires et accroître le risque de mammites si il n’est pas réalisé dans des conditions optimales : la mise en œuvre de cette technique suppose une situation cellulaire de départ saine, et une bonne ambiance au niveau du logement (voir « conseils pratiques » plus bas sur cette page).

L’adaptation de vaches est plus rapide... que celle de l’éleveur !

De façon étonnante au bout de 48 à 72 heures les vaches se sont adaptées à leur nouveau rythme de traite. Par contre ce sont les éleveurs qui s’inquiètent souvent le plus. Il est pour cela conseillé à l’éleveur de ne pas aller voir ses vaches les deux premiers soirs ; passé ce cap elles ne chercheront même plus à venir en salle de traite.

Et après le rétablissement de deux traites ?

Dans l’essai réalisé par l’INRA en 2002 consistant en une réduction à une traite momentanée de 7 semaines, trois semaines après le retour à deux traites par jour un effet rémanent ne subsistait que sur la production de lait (- 1,7 kg/j) mais l’effet était nul sur la lactation suivante.

CONSEILS PRATIQUES

Passer à une traite par jour en fin de campagne peut donc être envisagé comme moyen de réduction des livraisons.

Toutefois l’hiver n’est pas la période la plus favorable, car les vaches sont en stabulation permanente et sur régime à dominante « maïs » en général. Il faudra donc respecter scrupuleusement les conseils ci-dessous :

situation cellulaire initiale mauvaise
+ vaches en stabulation dans des conditions d’ambiance médiocre, surtout si on accroît les effectifs
+ vaches toutes en début de lactation
+ ration déséquilibrée en terme de rapport énergie/azote.

Dans les élevages suivis, le passage à une traite s’accompagne souvent d’une augmentation des numérations cellulaires dans le mois qui suit, puis d’un retour à la normale. Dans les 6 heures précédant la traite, les pertes de lait peuvent être fréquentes (pour des vaches en début de lactation et fortes productrices) : vigilance donc en stabulation (litière souillée). Si les vaches sortent au pâturage le jour seulement, il peut être alors recommandé de traire le soir pour que les pertes de lait aient lieu dans la journée au pâturage. Tout devra être mis en œuvre (contrôle machine à traire, pratiques d’hygiène à la traite et du logement…) pour limiter les risques et garder un troupeau sain.

La perte de production attendue peut être estimée entre – 20 et – 30% selon les cas sur la période concernée. Traduit en livraison, l’impact sera un peu plus faible du fait de l’accroissement du TB. Dans le même temps, le TP sera accrû, les performances de reproduction ne peuvent qu’être améliorées (tant que l’on respecte l’équilibre énergie/azote de la ration proposée).

Il faut signaler la forte capacité de récupération des vaches lors de leur retour ultérieur à 2 traites par jour.

Une pratique déjà appliquée par des éleveurs du Finistère

Dans le Finistère plusieurs éleveurs pratiquent déjà régulièrement cette technique. Une enquête menée auprès d’eux a permis de préciser les motivations et façons de faire. Elles sont très variables :

  • Pour se libérer du temps le soir, au printemps et en été ;

  • En été en vêlages groupés, sur des vaches en fin de lactation ;

  • En fin de campagne laitière, pour éviter les dépassements ;

  • En période de rupture de stocks (ration de qualité médiocre) ;

  • Au printemps, sur des vaches en début de lactation pour limiter les pertes d’état ;

  • Pour réduire le coût alimentaire (ration à base d’herbe et sans concentré) ;

  • Pendant le congé maternité de Madame ;

Ainsi, la plupart des éleveurs ne mettent en œuvre la réduction de traite qu’une partie de l’année, majoritairement en période de pâturage, aux « beaux jours », et repassent à deux traites par jour en hiver, pour y réaliser l’essentiel du quota. En France tout du moins.

En effet cette technique est couramment employée en Nouvelle Zélande dans le cadre de systèmes économes en concentrés où les vaches sont exclusivement alimentées au pâturage. Dans ce cas les vaches ne sont traites qu’une fois par jour durant la totalité de la lactation.

A Les études en cours de L’Institut de l'Elevage :

— A la station de Trévarez (Finistère) des EDE et Chambres d’Agriculture de Bretagne, l’Institut de l'Elevage participe à un programme pluri-annuel d’expérimentation qui a débuté en 2001 afin de tester les effets en matière d’ingestion, de production, de composition fine du lait, de comportement animal, de santé et de reproduction du passage à une traite par jour sur la lactation entière. Ce programme a été réalisé tout d’abord sur un lot d’animaux vêlant à l’automne en 2001 (donc effectuant la première moitié de sa lactation en stabulation, sur régime maïs), et se poursuivra de 2003 à 2006 avec des animaux vêlant au printemps, sur régime herbager, dans une logique de système économe sur le coût  « nourrie-logée ».

— Un essai complémentaire aura lieu en 2003 à la station expérimentale des Trinottières(Maine et Loire) avec les Chambres d’Agriculture des Pays de la Loire. Une traite journalière sera supprimée pendant deux mois, après la mise à l’herbe, pour répondre en particulier à la demande d’éleveurs souhaitant se libérer à cette saison pour mieux faire face aux travaux de culture (épandage de fumier / labours / semis de maïs notamment).

Enfin, une enquête de repérage nationale des éleveurs pratiquant la réduction de traite est actuellement en cours, afin de valoriser leurs savoir-faire et leurs résultats sous forme d’un « recueil d’expériences ».

En savoir plus : Le document complet reprenant l’ensemble des références et des résultats cités est consultable sur le site Web de l’Institut de l’Elevage http://www.inst-elevage.asso.fr . Vous pouvez le visualiser au format pdf en cliquantICI.

Ce document étant au format pdf, vous devez avoir le logiciel Acrobat Reader pour pouvoir l'ouvrir. Si vous n'avez pas ce logiciel, vous pouvez le télécharger gratuitement https://www.web-agri.fr/village/outils.phpage/outils.php">
https://www.web-agri.fr/village/outils.php

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement