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Interview Jean-Pierre Joly, « les prévisionnistes européens sont plutôt optimistes pour le début de l'année 2004 »

Jean-Pierre Joly, directeur du MPB (Marché du Porc Breton) évoque les facteurs susceptibles d’influencer le cours du porc dans les prochains mois. Volumes de productions, effets canicule, commerce international, évolution de la consommation, prix de l’aliment, sont notamment évoqués. Analyse de Jean-Pierre Joly.

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Web-agri : Est-il possible d'évaluer les volumes de production pour les prochains mois et leur influence sur le marché ?
Jean-Pierre Joly : La tendance est à la baisse en Europe et en moyenne, mais dans des niveaux si peu importants que la tendance ne peut pas à elle seule générer de sentiment de pénurie.

Une baisse de un ou deux % de la production, si elle se fait en période de légère augmentation de la consommation, a de bons effets sur le cours, mais si la consommation baisse légèrement dans le même temps , elle n'aura pas d'effet bénéfique sur l'évolution des cours.

Toutefois, les prévisionnistes européens sont plutôt optimistes pour le début de l'année 2004, même s'il est difficile réellement de se prononcer. 

 

 
Jean-Pierre Joly, directeur du MPB (© BC)

 

WA- Peut-on actuellement quantifier les effets de la canicule sur la production à venir ?
J-P Joly :
L'effet canicule, il va y en avoir un forcément, lié à la mortalité des truies cet été, aux retours en chaleur, à la mortalité des porcelets et aux portées moins importantes.
Cet effet se répercutera de février à juin en provoquant une amplification du cycle saisonnier traditionnellement de bas de production.
On retrouvera cet effet en France, en Angleterre , en Allemagne , en Autriche, au Pays-Bas.
Et de façon moins marqué en Espagne, car le pays est plus habitué aux fortes chaleurs. Dans ce pays, cependant, le marché du porcelet est assez porteur...
On verra sur les portées de novembre, les plus gros effets de la canicule, ce qui permettra d'évaluer en décembre le manque réel de porcelets.

 WA : Quelles sont les évolutions récentes ou à venir dans les échanges communautaires ou internationaux ? Avec quelle influence sur le marché ?
J-P Joly :
La bonne surprise de l'année par rapport aux prévisions, c'est que les échanges internationaux sont stables par rapport à 2002. Et 2002 était une bonne année.
On attendait moins 10%, en fait les exportations ont été stables de l'Europe vers les pays tiers et aussi de la France vers Pays tiers (stable à 1-2% près)
Seul bémol, les tonnages ont semblent-ils été moins bien rémunérés : les échanges internationaux se sont fait apparemment dans des conditions de valorisation inférieure.
Ainsi, de juin à septembre, le cours danois était le plus bas d'Europe : ils ont voulu préserver leur client japonais et ont fait ce qu'il fallait en prix pour garder la place (stratégie).
Tous les exportateurs européens qui se sont fait exclure de Russie par l'arrivée du Brésil ont retenu la leçon, il est difficile de reconquérir un marché perdu. Pour le Danemark, la stratégie a été nette : forte baisse du prix pour garder le Japon.

WA : Conformémént aux accords du Gatt, l'Europe dispose d'un outil de gestion du marché: les restitutions(*). Envisage-t-elle l'utilisation de ces restitutions ?
J-P Joly :
Non, Bruxelles a aujourd'hui pour idée que les exportations pays Tiers doivent se faire aux conditions commerciales. Chaque demande reste une fin de non recevoir.
Bruxelles observe la production des grands bassins. En  Allemagne, Espagne, Danemark , on observe plutôt une hausse de production, Bruxelles estime que cela risque de générer une surproduction et qu'il est hors de question d'aider cette surproduction. Refus Gatt (guerre de bassin)
Par contre, il peut-être envisagé sur période courte, des stockages privés, mais ce n'est pas forcément une bonne solution, car ils reviennent sur le marché à un moment et peuvent empêcher la remontée des cours.

WA : Plus proche de nous, on annonce une baisse de la consommation intérieure de viande porcine. Qu'en est-il ?
J-P Joly :
Il y a des chiffres qui surprennent. En Août, on annonçait –15% sur la consommation de viande fraîche. La production en Août était inférieure mais pas de 15%, et pourtant tout a été consommé !
Il y a eu des stockages privés réalisés début 2003 en Europe, aujourd'hui, tout est remis sur le marché, et tout a été consommé aussi !

WA : Quel est l'impact de l'augmentation du prix de l'aliment ?
J-P Joly :
L'impact pourrait-être de 2 à 5 centimes sur le kilo de carcasse, ce qui accentue encore la situation de crise compte tenu des prix de production . Ceci est d'ailleurs vrai pour toute l'Europe !

 WA :  En conclusion, quel est votre pronostic pour les prix à la production d'ici la fin 2003 ?
J-P Joly :
Personne n'imaginait 1.29 Euro en septembre, et encore moins un Euro en octobre ! Pour la fin de l'année, ça reste à l'image de cette évolution : la plus grande incertitude demeure !

Propos recueillis par Béatrice Colleu

En complément, lire aussi le point sur l'évolution du cours du porc depuis l'été:
  • Interview - Jean-Pierre Joly, directeur du MPB:« une spirale de baisse peut être sans fond !» 
    sur  https://www.web-agri.fr/outils/Fiches/FichesDetail.asp?id=16009
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