"C'est la première fois qu'un lien explicite a pu être être établi entre la mise en culture de semences enrobées d'un produit phytosanitaire et une mortalité massive d'abeilles", a annoncé jeudi le ministère dans un communiqué.
Il ne s'agit en aucun cas d'une interdiction générale de l'insecticide Regent, commercialisé en France par BASF, mais seulement d'un retrait d'une variété semencière produite par Syngenta Seeds, filiale du géant suisse de l'agrochimie Syngenta, a-t-on expliqué au ministère.
Après plusieurs cas de mortalités d'abeilles dans six communes de Midi-Pyrénées en avril 2003, la Direction générale de l'agriculture, qui dépend du ministère, a procédé à une enquête, qui a conduit à la mise en cause du Regent TS (Fipronil), utilisé notamment dans les semences pour améliorer les rendements.
"Les services ont été en mesure de remonter à un certain type de semences, produites dans le sud-ouest par la société Syngenta Seeds", précise-t-on au ministère.
C'est le procédé industriel de fabrication de ces semences dans une usine de traitement de Syngenta Seeds qui "est à l'origine de la contamination" des abeilles "via des particules volatiles issues de semoirs", ajoute le communiqué.
Ce procédé a par conséquent été interdit, et les lots traités retirés du marché, précise le communiqué.
La société BASF, qui importe en France du Regent, a été informée de cette décision, et les autre usines qui traitent par enrobage des semences feront l'objet de vérifications.
Les faits survenus en avril dernier ayant fait l'objet de plaintes, ces éléments sont transmis au juge d'instruction du Tribunal de grande instance de Saint-Gaudens (Haute-Garonne) chargé de cette affaire, précise le ministère.
Des organisations d'apiculteurs réclament depuis plusieurs années l'interdiction en France de produits phytosanitaires comme le Regent et son concurrent le Gaucho, qu'ils accusent de tuer en masse les abeilles.
"Cette décision nous conforte car enfin on reconnaît la toxicité du Regent. Mais le gouvernement veut sauver cette molécule et refuse de l'interdire complètement comme nous le demandons", a déclaré à l'AFP Jean-Marie Sirvins, président de l'Union nationale des apiculteurs de France (UNAF), à l'origine de la plainte .
"C'est un procédé industriel propre à Syngenta qui a été mis en cause et cela ne remet pas en cause l'utilisation qui est faite du Fipronil par les autres sociétés", a défendu au contraire un porte-parole de BASF France, qui assure que la décision "n'aura pas d'effet sur l'activité du groupe". |