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OMC/Cancun Les agriculteurs inquiets et méfiants sur issue des négociations

PARIS, 28 août (AFP) - Les syndicats agricoles ont affiché une certaine déception jeudi à l'issue de leur rencontre avec les ministres François Loos (Commerce extérieur) et Hervé Gaymard (Agriculture) dans le cadre de la préparation du sommet de l'OMC, craignant notamment que l'agriculture ne soit une variable d'ajustement dans les négociations globales.

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"Ce n'est pas aujourd'hui que l'on peut être rassuré sur ce qui peut se passer à Cancun", a déclaré le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, à l'issue de cette rencontre. "J'ai demandé à ce que nos ministres fassent preuve de beaucoup de détermination à Cancun dans les discussions qui ne manqueront pas d'être agitées", a-t-il dit. "Nous avons eu un discours très général", a indiqué José Bové, porte-parole de la Confédération Paysanne, qui défend le principe que "mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord". "Sur les questions posées, il n'y a pas eu de réponse", a-t-il ajouté. Brigitte Alain, également porte-parole de ce syndicat, a pour sa part eu "une impression de langage un peu feutré". "Les accords de l'OMC et ceux de la PAC signés le 26 juin sont destructeurs pour tous les petits paysans du monde. C'est pour cela que nous souhaitons une autre organisation mondiale où le commerce serait soumis aux droits de l'homme", a-t-elle estimé.

"Nous ne sommes pas rassurés, loin de là, a de son côté indiqué le président des Jeunes Agriculteurs, Jérôme Despey. "C'est une déception, même s'il y a une écoute attentive de nos ministres que l'on sent résignés à une fatalité, à la pression des Américains et du groupe de Cairns pour aller vers plus de libéralisme, ce qui est pour nous très dangereux".

M. Lemétayer a de nouveau plaidé pour la défense de la "préférence communautaire" qui a permis "d'assurer le développement de l'agriculture en Europe", et qui est donc "la meilleure réponse aux pays en développement. Si l'on ne protège pas l'agriculture de ces pays, ce n'est sûrement pas la libéralisation des marchés qui assurera l'avenir de leurs paysans", a-t-il certifié. "Notre grande crainte est que l'agriculture soit la variable d'ajustement, l'élément de négociations d'un accord global. Il ne faudrait pas céder sur l'agriculture", a-t-il dit, considérant "qu'on (ndlr: l'Europe) a fait suffisamment de chemin comme cela".

Pour M. Despey, l'agriculture ne doit pas être traitée "comme tous les autres secteurs. On nourrit les populations. Mais, force est de constater qu'on ne peut aujourd'hui vivre de nos produits. Et l'orientation prise aujourd'hui va au détriment de toutes les politiques qui sont menées pour pouvoir préserver les agriculteurs", a-t-il estimé préconisant l'instauration "d'espaces régionaux protégés". "Mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord à Cancun", a plaidé José Bové, qui a réclamé une "pause" pour "faire le bilan" des effets de l'OMC. Il a expliqué qu'il ne savait pas encore s'il pourrait se rendre à Cancun --le juge décidera lundi-- mais qu'il n'essaierait pas de braver une interdiction. "Je n'affrèterai pas un avion ou un bateau, je serai actif en France pour aider ceux de Cancun à contester l'accord", a-t-il dit, précisant qu'il y aurait sur place "5.000 à 10.000 paysans".

M. Bové a exhorté les ministres français à "ne pas faire confiance à Pascal Lamy" (Commissaire européen au Commerce, négociateur européen à l'OMC), expliquant que celui-ci avait "déclaré à Londres que l'Europe allait payer sur son agriculture car elle gagnera beaucoup sur l'industrie et les services".

"Si un seul pays refuse un accord à Cancun, il n'y aura pas d'accord" puisqu'il faut l'unanimité. J'émets le voeu que ce soit la France qui refuse d'appuyer un accord", a conclu le militant altermondialiste.


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