Hervé s'est installé en 1998, et son frère Thierry l'a rejoint l'année suivante à Chanteperdrix, exploitation de 63 hectares qui domine les vallées, aujourd'hui jaunies par la sécheresse, du parc national du Pilat, où ils élèvent 28 vaches laitières et 110 chèvres. "En décembre 1999, la tempête a balayé le toit du bâtiment où on avait installé les chèvres. Depuis, elles sont logées avec les vaches, beaucoup trop à l'étroit", explique Hervé, 30 ans, deux enfants. "Alors on va devoir agrandir l'étable, mais cela nous endette encore plus." L'été suivant, en août 2000, un incendie a ravagé un flanc de la colline, détruisant la forêt près de la ferme et une partie des stocks de fourrage. "Heureusement, on était assurés pour le fourrage", précise Thierry, 27 ans, mais le spectacle des arbres calcinés est resté en l'état depuis trois ans. Cette année, la sécheresse condamne vaches et chèvres à l'étable. En général, les bêtes paissent depuis avril et jusqu'à l'automne, avec un complément alimentaire à partir d'août. Cette année, l'herbe a commencé à manquer dès la fin mai, avant de disparaître complètement fin juin. "On continue à espérer que la pluie nous fasse pousser un peu d'herbe avant l'automne, mais on n'y croit plus vraiment", explique Thierry. "Alors pour nourrir le troupeau jusqu'en avril, il nous faut 181 tonnes de matières sèches (paille, foin, céréales)". "Nous en avons 56,4 tonnes. Le reste, il faudra l'acheter. Cela devrait nous coûter plus de 18.800 euros, soit l'équivalent de ce qu'on essaie de se garder chaque année en salaire pour nous", ajoute-t-il. "C'est vraiment démotivant. Il y a des jours où on a envie de baisser les bras. Mais si on s'est installés ici, c'est qu'on aime ça". Dans tout le département de la Loire, le déficit pluviométrique représente 50 à 70% des précipitations moyennes, précise Raymond Vial, président du conseil agricole départemental. "Nous avons besoin de dizaines de milliers de tonnes de paille et de fourrage. Il nous faut les trouver, puis les transporter: à raison de 20 tonnes par camions, cela va prendre du temps...", s'inquiète-t-il. Le ministre de l'Agriculture, Hervé Gaymard, venu vendredi visiter la ferme des frères Arnaud, a promis la solidarité nationale aux agriculteurs pénalisés par la sécheresse. |