Maïs Fausses carences, fausses et vraies phytos.

Les accordéons climatiques de ces quinze derniers jours (très froid puis très chaud, puis froid et pluie à nouveau) provoquent un peu partout des symptômes qui peuvent faire l’objet de confusions et d’inquiétudes exagérées.

* Comment distinguer les carences induites des phytos de post-levée ?
Les carences classiques (Zn, manganèse) se traduisent par des blanchiments des cœurs de plantes accompagnés de rayures intermédiaires plus ou moins marquées. Ces décolorations disparaissent dès que les températures s’élèvent (donc apparition de 2 feuilles vertes la semaine dernière à la suite du week-end très chaud).
Rappelons que les carences vraies en maïs sont rares et qu’elles ne peuvent pas être corrigées en végétation (sauf le manganèse). On entend même reparler de la carence en souffre, un des canulars les plus connu de la culture du maïs.
Pourtant la rechute des températures de ces derniers jours provoque l’accentuation de blanchiments persistants. Des coeurs très blancs et des tâches irrégulières décolorées, des nécroses au 1/3 inférieur de la feuille semblent ici plutôt signer des phytotoxicités de produits de post-levée (sulfonylurées, Mikado ou même Callisto), ces symptômes sont apparus après la séquence chaude puis froide. Ces diagnostics sont à confirmer. Cependant ils ne peuvent être confondus avec les carences induites: les maïs sont très blancs et la chaleur n’apporte que des reverdissements très lents. Les phytos sont accentuées dans les zones de recroisement.

* Phytos de chloracétamides ?
Des déformations quelquefois marquées (maïs tordus, coudés, enroulés) sont aussi apparues ces derniers jours sur des maïs 6-8 F. La ressemblance avec des phytos est trompeuse: aucune raison d’avoir des expressions aussi tardives (plus d’un mois après l’application) de molécules métabolisées depuis longtemps. Il semble plutôt que ces enroulements soient du type croissance développement que l’on voit apparaître habituellement plus tard (10-14 F) lors d’accélérations climatiques sur les maïs les plus vigoureux, les plus luxuriants. Ces symptômes évoluent aussi vers des blanchiments aléatoires dans la parcelle, de la feuille enfermée dans le cornet.
Enfin pour compléter le tableau des attaques de mouche (géomyza) sont signalées en Pays de la Loire sur des parcelles non protégées Gaucho ou Carbofuran.

* Point cultural : : au-delà de ces ralentissements passagers, la situation des maïs est globalement bonne : peuplements homogènes (sauf certains sol argileux travaillés secs) et complets. Stades légèrement (Poitou-Charentes) ou assez (Pays de Loire) en avance.
La pluviométrie actuelle, si elle fait chuter les températures a au moins le mérite de rétablir en partie les déséquilibres de la ressource en eau. La vigilance reste de rigueur et la suite dépendra des pluies de juin et juillet.

* Le problème de la semaine : trouver le bon compromis (dose et stade) pour les désherbages de post-levée pour contrôler les dernières (?) levées de graminées apparues il y a 10 jours. Attention aux risques de phytos d’interventions trop lourdes (grand décalage des stades adventices 2 F et maïs 6-10 F).