Comprendre l'équilibre d'une ration ( Au-delà des UFL, PDI…la nature des aliments compte ! )
Tout le monde aujourd’hui peut avoir accès au calcul de ration qui donne les recommandations en énergie (UFL), azote (PDI) et minéraux. Néanmoins au-delà du Menu calculé, il y a le Menu consommé et digéré: à ce niveau les rations qui sont équivalentes sur le papier peuvent donner des résultats très différents!
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Avant il s’agit de comprendre cequi se passe dans la Panse : principale Usine de la Vache laitière
Au niveau de la Panse :
Equivalente à une cuve defermentation, la panse accueille les aliments pendant 30 à 50 heures. Là lesmilliards de bactéries présentes travaillent à la transformation de cesaliments qui fournira près de 70% de l’énergie utilisée par l’animal. Lesbactéries mortes sont ensuite digérées dans l’intestin constituant unaliment composé de 60 % de protéines (contre 50% pour le soja).
On comprend alors pourquoi : nourrirune vache c’est avant tout nourrirles microorganismes de la Panse !
On trouve deux grandes familles debactéries : les bactéries amylolytiques qui digèrent l’amidon (leuractivité favorise le TP) et les bactéries cellulolytiques qui digèrent lacellulose (leur activité favorise le TB).
Leurs fonctionnements sontintimement liés et dépendent des aliments qu’on leur apporte :
L’activité des bactéries quidégradent l’amidon est indispensable à celle qui dégradent la cellulose,mais peut aussi, à l’excès, être nocive en acidifiant trop le milieu (c’estl’acidose en cas d’excès d’amidon !). Les deux familles doivent donccohabiter à un PH de 6,5 ce qui peut être maintenu par une bonnerumination (donc des fibres) qui limite l’acidité du milieu par un apportrégulier de salive.
La composition des aliments pourfaire bien fonctionner ce tandem apparaît comme capitale à travers lesteneur en Amidon, sucres solubles, Azote soluble, cellulose et fibres !
A chaque aliments sacomposition :
D’un ensilage de maïs à unepatûre de printemps les compositions sont très différentes. Les besoins de l’animalrestent quant à eux les mêmes. les recommandations se situent autour de
20 à 25 % d’amidon (audelà de 35% risque d’acidose)
18 à 20 % de cellulose
Ce qui implique unecomplémentation différente et un choix d’aliments différents.
Ainsi l’herbe est un alimentsans amidon qu’il faudra donc complémenter avec un concentré à base decéréales (minimum 30% d’amidon). Cet Amidon permettra une bonne utilisationde l’azote soluble, en quantité importante dans l’herbe.
A l’inverse l’ensilage demaïs, d’autant plus riche en amidon qu’il est riche en grains, admet bien,une complémentation énergétique à base de pulpes sèches (qui sont pauvresen Amidon). En revanche il est nécessaire de veiller à ce que le correcteurazoté contienne une quantité correcte d’azote soluble, pour que les grainssoient bien digérés (l’aliment liquide peut aussi être une bonne solution).
Quant à la cellulose brute, lesteneurs peuvent varier de 30% pour un foin ou un enrubannage, 25%-28% pour de l’herbepâturée, 18%-22% pour un ensilage de maïs, et moins de 10% pour desbetteraves fourragères.
Attention : la teneur encellulose ne signifie pas apport de fibre
:la taille, la rigidité et la forme des brins jouent pour beaucoup dans larumination !Aujourd’hui il n’existe pas d’indicateurssimples de la fibrosité. L’observation de la bonne rumination des animauxreste encore le meilleur indice !
Et les protéinesprotégées ?
Elles constituent la part desprotéines qui ne sera pas dégradée dans la panse, mais dans l’intestin.Elles sont surtout nécessaires en début de lactation lorsque la massemicrobienne de la panse ne peut répondre au besoin quotidien croissant de lavache. Il est alors bien de prévoir, le premier mois de lactation, un apport de50% des PDI sous forme de PDIA.
D’où l’intérêt de l’incorporationde tourteaux tannés dans le correcteur en début de lactation. Les drêches debrasseries sont elles-aussi de très bons fournisseurs de PDIA.
Attention néanmoins à conserverun apport d’azote soluble, indispensable au bon fonctionnement de laPanse !
Des indicateurs simples etpratiques
Pour contrôler l’équilibre dela ration, l’observation de différents indicateurs reste primordiale. Achaque fois il convient d’ajuster et de modifier si nécessaire la ration debase et surtout la complémentation.
Lestaux :
Il est important de suivre lesvariations du TP et du TB
TB qui diminue surveiller l’apportde fourrages grossiers et de cellulose
TP qui diminue
un manque d’énergie lié soit :¤ apport insuffisant d’amidon
¤ mauvaise utilisation de l’énergiepar manque d’azote soluble
Les bouses:
Observation de grains en grande quantité dans les bouses
: les grains (donc l’amidon) ne sont pas dégradés par manque d’azote soluble dans la ration.
Diarrhées foncéesliquides/verdâtres ou pâteuses/noirâtres
:excès d’azote soluble lié soit :¤ apport en excès d’azotesoluble (attention à la complémentation)
¤ insuffisance de glucidesfermentescibles (amidon) pour permettre aux bactéries de valoriser l’azote(cas fréquent lors de la mise à l’herbe)
Diarrhées pâteuses, couleurmastic, odeur aigre
: excès d’amidon,situation d’acidose , manque de fibres.
Le taux d’Urée du lait:
L’urée du lait a pour origine à la fois l’excès d’ammoniaque du Rumen (lié à la dégradation de l’azote soluble) et à la dégradation des protéines digérées dans l’intestin de l’animal.
Il est à interpréter uniquement dans ces parties extrêmes : c’est un signal d’alarme.
Si taux < 250 mg/100ml : il reflète une carence dans l’apport de protéines en général !
Si taux > 400 mg/100ml
:il reflète un excès d ’azote soluble dans la panse lié soit ¤ apport en excès d’azotesoluble (attention à la complémentation)¤ insuffisance de glucidesfermentescibles (amidon) pour permettre aux bactéries de valoriser l’azote
Ainsi on comprend bien qu’unaliment ne prend sa vraie valeur que dans le mélange.
Un bon maïs est mal utilisé sansazote soluble ; une bonne prairie peut être très mal valorisée s’ilmanque une complémentation en amidon.
Chaque aliment doit donc être complémentairede l’autre pour un bon fonctionnement de la Panse.
Julia Le Mercier
Ingénieur-Conseil BTPL
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