Le lupin: un produit de qualité
Le lupin blanc doux est une culture relativement récente en France et produite essentiellement pour l’autoconsommation à la ferme. La composition de sa graine est plus proche de celle de la graine de soja que de celle du pois ou de la féverole. Riche en protéines et exempte d’amidon, elle contient toutefois moins d’huile que le soja et est indemne de facteurs antitrypsiques, ce qui permet de l’utiliser directement en alimentation des animaux. Elle est également collectée par l’industrie de l’alimentation animale lorsque la conjoncture de prix est intéressante.
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Valeurs comparatives de protéagineux et d'oléagineux (Teneur / kg brut) | ||
Graines protéagineuses |
Pois |
Lupin |
Féverole |
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20 % protéines 44 % amidon 141 g PDIN 111 g PDIE 1 % matières grasses |
35 % protéines 1 % amidon 198 g PDIN 140 g PDIE 9 % matières grasses |
25 % protéines 38 % amidon 151 g PDIN 111 g PDIE 2 % matières grasses |
Graines oléagineuses |
Colza |
Soja |
Tournesol |
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20 % protéines 113 g PDIN 22 g PDIE 40 % de matières grasses |
35 % protéines 215 g PDIN 76 g PDIE 20 % de matières grasses |
16 % protéines 99 g PDIN 26 g PDIE 43 % matières grasses |
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Points forts |
Limites |
Peu d’intrants, pas d’azote Bonne tête d’assolement Culture possible dans les parcelles caillouteuses Récolte facile Stockage et conservation simples |
Sol acide indispensable(pas de calcaire actif) Sol sain Peu de solutions de désherbage en post-levée Sensible à l’anthracnose, maladie grave transmise par les semences Culture d’été, le lupin est sensible à la sécheresse |
EnRhône-Alpes la culture de lupin de printemps semble à privilégier par rapportà des semis d’automne.
Lesvariétés de printemps sont les suivantes : Amiga, Lublanc, Ares, Alban
Danstoutes les parcelles suivies en 2001, la variété Lublanc est ressortieavec un net avantage en terme de rendement.
Unconstat général montre qu’en culture sèche, les rendements sont sérieusementhypothéqués dès qu’apparaissent les premiers déficits hydriques en juin :toutes variétés confondues, les rendements ont oscillé entre 10 et 25quintaux / ha.
Enculture irriguée, par contre, les rendements ont varié entre 30 et 40 quintaux/ ha
Attention : le cycle végétatif du lupin se déroulant sur les mois dejuillet et août, il est en concurrence avec le maïs pour l’irrigation.
L’année 2001 a vu denombreuses atteintes d’anthracnose dans les parcelles de lupin. La protectiondes semences contre cette maladie n’a manifestement pas été suffisante, etl’application complémentaire de fongicide a bien souvent été indispensable.
Lupin blanc de printemps en culture iriguée
Variété : Lublanc
Rendement : 40 Quintaux/ ha
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Dose / ha |
Coût F / ha |
semis |
230 kg |
1492 |
Engrais |
30 unités/ha P2O5 60 unités/ha K2O |
280 |
Désherbage 1 |
Chlortoluron : 5 l / ha |
175 |
Désherbage 2 |
Cent 7 : 0.6 l / ha |
117 |
Fongicide |
Amistar : 1 l / ha |
381 |
Total charges opérationnelles |
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2445 |
Total des charges
Charges opérationnelles |
2445 |
Frais de mécanisation hors irrigation(fermage et main d’œuvre inclus) |
2590 |
irrigation |
3000 |
TOTAL des charges |
8035 |
Coût effectif
Prime PAC protéagineux irrigués dans le Rhône |
4266 |
COÛT EFFECTIF GLOBAL / ha |
3769 |
COÛT EFFECTIF GLOBAL / kg |
0.95 |
Enintégrant les frais de stockage et de concassage (soit 15 ct/kg), ce lupin ;à 40 Qx / ha, revient à 1.10 F / kg à la gueule de l’animal.
Sile rendement n’avait été que de 30 Qx / ha, le coût à la gueule del’animal serait de 1.40 F / kg.
Avecde l’orge à 0.65 F / kg et du tourteau de soja 48 à 2 F / kg, le prixd’opportunité du lupin est de 1.42 F / kg. On voit donc qu’avec un itinérairecultural intensif, soutenu par l’irrigation, il faut sortir des rendements supérieursà 30 Qx / ha pour que la graine de lupin soit économiquement intéressantedans l’alimentation de nos vaches comparativement à du soja à 2 F /kg.
Utilisation par lesanimaux
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MS |
UFL |
UFV |
PDIN |
PDIE |
PDIA |
MAT |
CB |
P |
CA |
A+S |
LUPIN |
87 |
1.08 |
1.07 |
198 |
140 |
22 |
340 |
14 |
4 |
1.7 |
8 |
Valeurs exprimées / kg brut
Les matières azotées du lupin sont trèsrapidement dégradables dans le rumen :
% de la MAT dégradable dans le rumen :
-lupin : 95 %
-pois : 90 %
-tourteau soja 48 : 62 %
-tourteau tanné : 30 %
Unhachage fin des graines de lupin accentue la vitesse de dégradation, c’estpourquoi il est conseillé d’effectuer un concassage grossier. Les matièresgrasses que contient le lupin sont composées essentiellement d’acides grascourts, peu oxydables. Cela permet de concasser le lupin et de le stocker durantun mois sans risquer les problèmes de rancissement.
Saforte teneur en azote soluble en fait un bon complément des rations à base demaïs.
Exemple de ration semi-complète équilibrée à 25litres de lait / VL / jour
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Q brute |
Q MS |
Ens maïs |
45 |
14.5 |
Paille |
0.8 |
0.7 |
0rge |
1 |
0.88 |
Lupin |
2 |
1.76 |
Tourteau tanné |
1.7 |
1.5 |
Minéral |
0.2 |
0.2 |
carbonate |
0.1 |
0.1 |
Total |
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19.7 |
Soit une concentration de : 0.92 UFL / kg MS
96 g PDI / kg de MS
L’utilisationde lupin dans la ration impose de recourir à des formes de protéines protégéestelles des tourteaux tannés, de la drèche de brasserie…
Danscertaines régions, dans l’Ain par exemple, des entreprises de fabricationd’aliments proposent aux éleveurs d’extruder leur récolte de lupin. Cettepratique permet de protéger les protéines et donc de donner de plus grandesquantités de lupin dans la ration sans risque d’excès d’azote soluble.
Enconclusion, le lupin est une source de protéines digne d’intérêt.
Cependant,sa conduite culturale peut être rendue délicate par l’apparition de maladiesfongiques nécessitant l’utilisation de produits phytosanitaires.
Lasécheresse estivale peut sérieusement compromettre les rendements.
Ilfaut atteindre des rendements satisfaisants pour en faire un aliment protéiqueéconomiquement intéressant.
Sonexcès d’azote soluble limite son utilisation à 2 kg bruts / VL / jour, ilpeut donc se substituer à 1.2 kg de tourteau de soja 48.
Certainséleveurs y voient une contrainte supplémentaire de stockage, de temps àpasser lors de la reprise et du concassage, d’autres y voient une belleoccasion de s’affranchir partiellement de l’incontournable soja !
La culture de lupin, au mêmetitre que celle d’autres protéagineux serait une belle occasion de renforcerla part de concentrés « made in France » dans l’alimentation denos troupeaux. Mais l’Europe ne semble pas très convaincue par l’importancede cet enjeu… Ainsi, le lupin et autres protéagineux risquent de se cantonnerchez les seuls éleveurs convaincus que l’avenir du lait passe parl’authenticité et la traçabilité des sources alimentaires de nos vacheslaitières !
Philippe Manteaux
Ingénieur conseil BTPL
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