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Apli/EMB Les producteurs de lait « montent » à Paris

Quelques dizaines d'éleveurs sont venus de loin, le 13 février 2024, pour rappeler qu'ils sont force de proposition pour sortir de la crise de façon durable.

Manifestation. À l’appel de l’Apli, de l’EMB et de FaireFrance, quelques dizaines de producteurs ont manifesté à Paris ce mardi 13 février pour sensibiliser les citoyens et demander une réforme en profondeur des marchés agricoles.

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Ils ont fait la route depuis les Ardennes, la Lorraine ou la Bretagne, pour faire entendre la voix des producteurs de lait à Paris, en dehors des syndicats traditionnels. Au programme, distribution de Lait Équitable à proximité des Invalides (VIIe arrondissement) et rencontre avec les députés pour alerter sur la situation dramatique de l’élevage.

Si les élus ne se sont pas bousculés au rendez-vous, malgré un courrier adressé à chacun d’eux, médiatiquement l’opération est un succès, puisque toute la presse nationale s’y est présentée micros en main. « Les annonces récentes du gouvernement sont insuffisantes, martèle Adrien Lefèvre, président de l’Apli. Nous sommes venus rappeler que les producteurs indépendants ont des propositions en vue de réformer le système agricole de façon efficace et durable. »

L’appel à rejoindre le Lait Équitable

Parmi ces propositions, le Lait Équitable, porté par quelques centaines de producteurs depuis maintenant onze ans. Plus qu’un simple produit de consommation, il s’agit d’un concept mis en avant comme un modèle d’organisation commerciale capable d’assurer une juste rémunération. Vendue en rayon au prix recommandé de 1,25 €, la brique de lait assure un retour aux producteurs de 56 centimes par litre qui tient compte de l’évolution des coûts de production, avec une marge de sécurité face aux aléas : le litre de lait est acheté 50 centimes par FaireFrance + 6 centimes de dividendes reversés à ses membres, soit 10 M€ reversées en 2023 à 350 producteurs. « Ce concept, ouvert à tous, a fait ses preuves et pourrait être étendu à d’autres productions. Il permet aux producteurs de se réapproprier la commercialisation de leur produit. Nous sommes quelques centaines à montrer l’exemple depuis onze ans, mais si demain nous sommes des milliers nous pourrions peser davantage dans la filière. »

Saisir l’opportunité de réformer les marchés agricoles

La mobilisation paysanne dans quatorze pays de l’Union européenne (UE), le soutien populaire affiché sur place et les prochaines échéances électorales sont vécues comme une véritable opportunité de faire enfin avancer les propositions défendues par l’Apli au sein de l’EMB. L’occasion aussi de saluer l’abnégation et l’engagement de tous ces producteurs depuis toutes ces années. « Profitons de cette opportunité pour réformer le système et les marchés agricoles. L’ère de la dépendance aux subventions publiques, l’ère de la production alimentaire non rentable doivent être révolues. Le but de ces réformes doit être de pouvoir, en tant qu’agriculteur, générer un revenu raisonnable via le marché », rappelait l’EMB dans son communiqué. « Il n’est pas question de réclamer la fin des normes et autres contraintes, renchérit Adrien Lefèvre. Les producteurs sauront y répondre à condition d’avoir un prix. »

Les solutions proposées par l’EMB et ses organisations membres présentes dans seize pays sont désormais bien connues. Elles visent à une plus juste répartition des marges tout au long de la chaîne de valeur : application active des instruments de gestion de l’offre prévue dans l’organisation commune de marché agricole ; clauses miroirs sur les importations ; ou encore des mesures favorisant le regroupement des producteurs au-delà de la limite de 3,5 % afin de réduire le rapport de force avec les industriels et la distribution. Au-delà de la volonté d’afficher leur solidarité avec tous les agriculteurs qui se mobilisent depuis trois semaines à travers l’Europe, la manifestation parisienne avait bien vocation à rappeler que les producteurs sont aussi force de proposition. À ce titre, l’Apli ne désespérait pas, dans ce contexte, d’être reçue par le ministre de l’Agriculture, à l’instar du syndicalisme majoritaire.

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