Conseil de nutritionniste Faire un mash fibreux riche en protéines à base d’épeautre pour l’engraissement

Yann Mathioux, nutritionniste indépendant pour le cabinet Bdm spécialisé en rations mélangées, livre quelques conseils pour obtenir une ration sèche efficace avec un maximum de matières premières cultivées sur l'exploitation.

« Toujours en quête de bonnes idées, nous avons découvert lors d’un voyage en Irlande le procédé "Maxammon" * (qui vient d’Ecosse). Il s’agit d’un activateur de réaction que l’on va mélanger avec de l’urée alimentaire et une céréale aplatie. Ce système a pour but d’augmenter la valeur protéique de 4 à 5 points, et donc de faire des économies sur le tourteau. Ce procédé permet également d’augmenter le PH du rumen ce qui limite les risques d’acidose et améliore la digestibilité de la céréale.

Cette semaine, nous allons reprendre le travail réalisé sur l'atelier naisseur-engraisseur de deux éleveurs charolais qui utilisent cette technique : Benoît et Johann, tous deux éleveurs dans le Cher. Leurs objectifs sont de :

• Se simplifier le travail avec un mash fibreux distribué à volonté (à l’auge ou au nourrisseur) et fabriqué pour plusieurs jours d’avance (jusqu’à une semaine).
• Réduire les coûts alimentaires et améliorer l'autonomie alimentaire en remplaçant les aliments complets industriels jugés trop chers (environ 350 €/t pour les veaux et plus de 280 €/t pour les JB à l’engraissement) par ce mash composé à 80 % de produits cultivés sur la ferme.

Epeautre autoconsommé

Les années précédentes, nous utilisions encore de la pulpe de betteraves pour sécuriser les mash. Celle-ci a été remplacée cette année par de l’épeautre, moins cher et produit sur la ferme.

L’épeautre est une céréale très riche en cellulose, avec un effet bénéfique sur la rumination, l'intérêt nutritif de l'épeautre résidant dans l’enveloppe du grain. Cette grande céréale facile à cultiver, est également riche en azote, en phosphore et en vitamine A. Elle constitue ainsi une bonne base alimentaire pour les troupeaux laitiers ou allaitants.

Pour les Charolais à l’engraissement (vendus à 12-13 mois), nous arrivons à monter à 61 % de céréales autoconsommées grâce au procédé du Maxammom.

15 jours sous bâche

Nous traitons les céréales aplaties humides (12 à 25 % d’humidité, quitte à rajouter de l’eau si la céréale est trop sèche) directement dans la remorque mélangeuse avec l’urée (15 kg/t) et le produit (5 kg/t). Ensuite, il faut stocker ce mélange sous une bâche et attendre deux semaines avant de le distribuer.

On obtient ainsi des mash performants, à 200 et 210 €/t et 80 % produits fermiers. Economiquement c’est rentable, et surtout la faible utilisation d’aliments achetés rend ces élevages résistants aux marchés extérieurs. En résumé, on ne tremble pas en lisant les cotations du tourteau. »

Males charolais > 7 mois à l’engraissement chez Johann :

Mash à 200 €/t tout inclus en prenant les ingrédients au prix du marché,

1 Ufl/Kg MS et 15.5 Mat

Mash distribué à volonté, soit 10 kg de mash pour un animal de 450 kg de poids vif = 10*0.20 = 2 €/animal/jour avec des ingrédients au prix du marché.

Veaux charolais, mash à volonté chez Benoît :

Mash à 210 €/t

0.92 Ufl/kg MS et 18 Mat 12.5 Cb