Esthéticienne, mère au foyer, cheff e d’exploitation laitière, administratrice au Contrôle Laitier et au Cerfrance 85, Mélisa Guyau est fière de toutes ses expériences qui l’ont construite. Portrait d’une femme et éleveuse épanouie.

Tous les lundis matin, le rituel est le même au Gaec du Grand Breuil sur la commune des Pineaux en Vendée.
Dans un bureau spacieux et lumineux, Mélisa et ses associés réunissent leurs deux salariés et un apprenti autour d’un café pour planifier la semaine. Une organisation millimétrée, fruit d’une évolution constante de l’exploitation, mais aussi du chemin parcouru par Mélisa. Qui aurait cru, il y a quinze ans, que cette ancienne esthéticienne deviendrait cheffe d’exploitation dans la production laitière ?

D’un institut de beauté à l’agriculture

Le parcours de Mélisa suit une trajectoire inattendue. Titulaire d’un BTS esthétique cosmétique, elle travaille quatre ans comme salariée dans un institut avant de prendre un congé parental pour s’occuper de ses trois enfants, privilégiant sa vie de famille. Six années que Mélisa a particulièrement appréciées. « C’était un choix de ma part », tient-elle à préciser. D’autant plus valorisant que son mari Grégory reconnaît pleinement son investissement auprès de leurs trois enfants. Mais les derniers temps sont marqués par le doute : « On perd un peu confiance en soi quand même, parce qu’on sait qu’il faut se remettre sur le marché du travail ». Ne souhaitant pas reprendre son métier d’esthéticienne, Mélisa s’interroge sur son avenir. C’est finalement le départ à la retraite de sa belle-mère, associée avec son fils Grégory, qui déclenche sa reconversion. À 33 ans, Mélisa reprend ses études et obtient un BPREA aux Herbiers.
En 2014, elle s’installe officiellement sur l’exploitation familiale de son mari, amenant avec elle un quota de 200 000 litres de lait.

Surmonter ses peurs

Non issu du milieu agricole, Mélisa doit d’abord surmonter sa peur des animaux. « Je craignais même de rentrer dans une case à veau. La première fois que je suis occupée des vaches, je me suis dit : mais elles sont immenses ! », se souvient Mélisa. Sa
belle-mère reste un an pour la former, tant sur l’aspect administratif que sur le travail avec les animaux.
Petit à petit, Mélisa gagne en assurance épaulée par les membres du Gaec. Aujourd’hui, elle assure principalement la traite du matin, du suivi sanitaire du troupeau, de la reproduction et des vêlages, ainsi que toute la partie administrative et les ressources humaines.

Une exploitation en constante évolution

En dix ans, l’exploitation s’est profondément transformée. La production est passée de 1,2 à 2 millions de litres, avec un troupeau de 160 vaches laitières Prim’Holstein.
La surface agricole utile atteint désormais 240 hectares, dont 100 ha de prairies. Chaque investissement est pensé pour optimiser les performances technico-économiques et « nous permettre de gagner du temps », souligne Mélisa. Une salle de traite rotative et une nurserie ont vu le jour en 2014, suivies récemment par la réfection complète des silos d’ensilage.
L’exploitation assume pleinement sa spécialisation laitière : « Contrairement à l’idée reçue qu’il faut se diversifier pour sécuriser son revenu, nous pensons que la spécialisation, quand elle s’accompagne de technicité, est la clé de notre performance ». Une stratégie qui porte ses fruits, comme en témoigne l’utilisation d’outils de pointe : génotypage, analyse ADN du lait, détecteurs permettant de réduire de trois mois l’âge au vêlage.

Innovation et bien-être animal

L’innovation la plus récente illustre parfaitement cette recherche d’amélioration continue : une aire de vêlage sur miscanthus mise en place il y a deux ans. Ce système novateur permet aux vaches de mettre bas naturellement, par groupe d’une dizaine, sur une litière malaxée trois fois par semaine pour favoriser le compostage. « Avec près de 200 vêlages par an, ce choix technique améliore non seulement le bien-être animal mais aussi nos conditions de travail », explique Mélisa. Pour optimiser ce système (le miscanthus étant plus onéreux que la paille), le Gaec a entrepris la culture de cette plante, dont la première récolte est attendue cette année.

« Associée à part entière et administratrice »

Si l’accueil au sein du Gaec a été bienveillant malgré son inexpérience initiale, Mélisa a dû affirmer sa position. « Quand je suis arrivée, un détail m’a choquée : le bureau de ma belle-mère était reculé par rapport aux autres. Sans doute le poids des habitudes. J’ai dit non, je veux être dans le groupe ! ».
Aujourd’hui, elle occupe pleinement sa place d’associée : « J’ai les mêmes parts sociales que mes associés et la même rémunération ». Forte de dix années d’expérience, son engagement dépasse désormais le cadre de la ferme. Son implication au sein de la commission lait du Contrôle Laitier et son rôle d’administratrice de la caisse locale du Cerfrance 85 lui permettent de cultiver du « lien social » et d’enrichir ses pratiques au contact d’autres exploitants.

 

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Le Cniel
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