Fille d’éleveur, Docteure en nutrition animale et entrepreneure, Julie Peyrat accompagne les éleveurs laitiers pour transformer l’alimentation en un levier de réussite. Avec son accent aveyronnais et son approche pragmatique, elle nous partage sa vision du métier et son expérience.
Les pieds dans les bottes, les mains dans les crottes !

Quel est votre métier ?

Je suis conseillère en nutrition indépendante avec trois missions principales. La première, qui représente 60% de mon activité, est le conseil aux éleveurs, majoritairement dans la filière laitière. J’interviens de deux façons : soit en audit ponctuel pour résoudre des problématiques spécifiques, souvent liées à des pathologies, soit en accompagnement à l’année pour un suivi plus approfondi. Je travaille avec les trois espèces (bovins, ovins, caprins), mais mes clients sont principalement des éleveurs laitiers, représentant environ
80-90% de ma clientèle.

Ma deuxième mission (20%) est la formation, destinée aux salariés d’entreprises agricoles. Je les aide notamment à développer des
outils terrain et une approche plus pragmatique pour être au plus près des besoins des éleveurs. Je forme aussi des étudiants d’écoles d’ingénieurs et de lycées agricoles. Enfin, je consacre 20% de mon temps à la recherche et développement, en accompagnant des entreprises comme des laiteries sur des projets d’innovation, par exemple l’étude des liens entre l’alimentation et la qualité des fromages.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis Aveyronnaise, fille d’éleveur en bovins viande sur l’Aubrac. Mon lien avec la filière lait remonte à mes racines familiales, mon grand-père ayant été buronnier, pratiquant la traite des vaches Aubrac pour la production de fromage de Laguiole.
Après le lycée agricole, j’ai intégré VetAgro Sup Clermont-Ferrand où j’ai obtenu mon diplôme d’ingénieure agronome avec un master en nutrition animale. J’ai poursuivi avec un doctorat à l’Inra de Clermont-Ferrand, soutenu en 2014, portant sur la valeur nutritive du maïs fourrage, aliment majeur des rations des vaches laitières. Ce travail s’inscrivait dans le cadre du développement des nouvelles tables Inra. J’ai ensuite travaillé deux ans chez Arvalis - Institut du Végétal sur les fourrages, puis j’ai rejoint RAGT en 2017 où j’ai développé pendant cinq ans un service de conseil en production animale lié à l’approche fourragère.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Le conseil aux éleveurs est vraiment ce qui me passionne le plus.
En tant que fille et compagne d’éleveurs, je comprends les difficultés quotidiennes, particulièrement avec l’alimentation qui est souvent vue comme la « bête noire ». Ma satisfaction vient du fait de pouvoir les rassurer et les accompagner, comme si c’était ma propre exploitation. J’ai développé une approche basée sur l’observation des animaux, partant de leur comportement pour établir mes recommandations. Je mets un point d’honneur à être sur le terrain : les pieds dans les bottes, les mains dans les crottes !

Quelle est votre plus belle réussite ?

Ma plus grande réussite est d’avoir créé mon entreprise en 2023, coïncidant avec la naissance de ma fille. J’ai construit une démarche de conseil qui correspond à mes valeurs avec le nom Atout Nutrition. Il traduit ma volonté faire de l’alimentation non plus une contrainte mais un véritable atout pour les fermes. Le fait d’avoir réussi à développer une clientèle fidèle qui apprécie mon approche terrain et ma vision globale, allant du sol à l’animal, est une grande satisfaction.
Je suis également parvenue à maintenir un équilibre entre ma vie professionnelle, mon implication sur l’exploitation de mon compagnon, et ma vie de famille.

Comment voyez-vous la place des femmes dans la filière laitière ?

La place des femmes évolue très positivement. En Aveyron, un chef d’exploitation sur trois est une femme.
Cette progression s’appuie sur plusieurs facteurs : la modernisation des outils avec la robotisation qui permet de travailler davantage avec la tête qu’avec les bras, la féminisation des formations agricoles, et l’évolution des mentalités.
Les femmes apportent souvent une approche différente, particulièrement attentive à l’observation des animaux et à leur bien-être. Cette attention aux détails est précieuse pour la gestion du troupeau. Les femmes ont aussi tendance à se former continuellement et à chercher des solutions innovantes face aux défis, transformant leur légitimité qui pourrait être vu comme une contrainte en atout.

Quel message faire passer aux jeunes qui veulent travailler dans la filière lait ?

Mon principal conseil est de ne pas hésiter à voyager et à enrichir ses connaissances. La réussite en agriculture est liée au niveau de savoirs et d’expérience. Il ne faut pas se précipiter pour reprendre une exploitation familiale si ce n’est pas le bon moment, mais plutôt prendre le temps de se former, d’acquérir de l’expérience ailleurs, et de construire un véritable projet. Enfin, j’encourage particulièrement les femmes à ne pas s’autocensurer. Les barrières traditionnelles liées à la force physique s’estompent avec la modernisation, et leurs compétences en observation, en gestion et en innovation sont des forces pour la filière.

 

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Le Cniel
Cette communication est gérée par la régie publicitaire du groupe NGPA. La rédaction de Web-agri n’a pas été consultée et n’a pas participé à sa réalisation.