Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai fait ma scolarité au lycée agricole de Pau-Montardon, où j’ai obtenu un bac technologique puis un BTS agricole en productions animales. J’ai ensuite poursuivi avec une licence professionnelle en vaches allaitantes à Villefranchede-Rouergue dans l’Aveyron, où j’ai rencontré mon mari. Après nos études, nous avons tous les deux trouvé du travail en Isère : lui au contrôle laitier, moi au Groupement de Défense Sanitaire pendant près de trois ans. Nous nous sommes ensuite rapprochés de la Haute-Vienne où mon mari souhaitait reprendre l’exploitation familiale située à Saint-Auvent. J’ai alors travaillé dans un organisme certificateur avant de m’installer sur l’exploitation en décembre 2018.
Installée depuis 2018, pourquoi avoir conservé un emploi à l’extérieur jusque 2024 ?
J’avais deux raisons principales : la première était la crainte de l’isolement, de ne plus avoir de vie sociale en étant uniquement sur l’exploitation. La seconde était d’avoir une sécurité financière, même si la ferme tournait bien. Nous avions aussi embauché un salarié à 25h par semaine de 2021 jusqu’en juillet 2023 pour les jours où je n’étais pas là.
Pouvez-vous me présenter votre ferme ?
Je suis associée à mon mari dans le cadre d’une EARL. Notre ferme est située à l’ouest de Limoges.
Nous avons 70 vaches laitières de race normande et 85 hectares de SAU, avec une grande majorité de surfaces en herbe. Nous cultivons environ 5 hectares de maïs, dont seulement 2 hectares en ensilage, le reste étant en maïs humide. Nous avons environ 50 hectares autour de l’exploitation ce qui nous permet de pratiquer le pâturage tournant dynamique.
Vous pratiquez le pâturage tournant dynamique, pourquoi ce choix ?
C’est un système que mon mari a mis en place progressivement depuis son installation en 2015. En 2022, nous avons créé des chemins de pâtures et un réseau d’eau pour optimiser le système. Financièrement, c’est très intéressant : nous avons énormément diminué nos coûts alimentaires. Certes, la production est passée de 8 000 à 6 000 litres par vache, mais la marge est là. Ce système nous permet aussi d’avoir plus de temps pour nous et nos enfants pendant la période de pâturage. Il nous semble aussi en adéquation avec une approche de l’élevage centrée sur le bien-être animal.
Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?
Ce que je préfère, c’est être avec mes bêtes. Je m’occupe beaucoup des génisses et j’essaie d’établir une relation avec elles pour faciliter les manipulations futures. Je prends le temps d’aller au milieu du troupeau, de les caresser, de leur parler. Cette année, nous avons même testé l’élevage des génisses nées entre février et avril sous des « tatas » (vaches nourrices). J’ai suivi le protocole de Pauline Garcia, une éthologue, pour maintenir un lien de proximité avec mes animaux malgré le changement de méthode d’élevage. Et ça se déroule très bien, c’est une grande satisfaction.
Vous étiez partie plutôt pour travailler dans l’allaitant, qu’est-ce qui vous plaît dans la production laitière ?
J’apprécie particulièrement le côté instantané des résultats : quand quelque chose ne va pas, ça se voit immédiatement sur la production
laitière. La traite permet aussi une vraie proximité avec les animaux.
De plus, notre lait est transformé par une laiterie locale reconnue, et je suis fière de dire à mes enfants que c’est notre lait qu’ils boivent
Est-ce que le fait d’être une femme a influencé votre parcours ?
C’est un sujet important mais qui n’a pas été déterminant. Sur le plan physique, j’ai parfois des appréhensions, notamment avec la manipulation des gros animaux ou certaines tâches physiques, comme fermer une barrière très tendue ou soulever des charges lourdes. Du coup, nous avons trouvé un équilibre dans le partage des tâches sur l’exploitation. Je me consacre davantage aux soins aux animaux, à la nurserie et la gestion administrative.
Pourquoi avez-vous souhaité devenir administratrice du Groupement de Défense Sanitaire ?
Le domaine sanitaire me tient particulièrement à coeur, d’autant plus que j’ai débuté ma carrière dans ce secteur. Lors des assemblées, j’ai vu une opportunité avec l’ouverture des candidatures et j’ai choisi de me lancer, portée par une démarche personnelle. Cela contrastait avec une précédente proposition pour un autre conseil d’administration, où il s’agissait avant tout de féminiser l’équipe. On ne m’avait pas sollicitée pour mes compétences, mais uniquement parce que j’étais une femme. J’ai trouvé cette approche maladroite et avais donc décliné l’offre.
Quels sont vos projets pour les années à venir ?
Nous travaillons actuellement au décalage de la reproduction pour regrouper tous nos vêlages sur la période février-avril. L’objectif est que toutes les vaches soient dans leur pic de production au printemps, quand l’herbe est la plus nutritive. Cela nous permettrait aussi d’être plus tranquilles en décembre-janvier, même si cela implique d’arrêter la traite à un moment donné.
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Le Cniel
Cette communication est gérée par la régie publicitaire du groupe NGPA. La rédaction de Web-agri n’a pas été consultée et n’a pas participé à sa réalisation.