Chaque vendredi, les habitués du marché fermier de la Ferté-Bernard viennent acheter les produits laitiers et le fromage d’Anne-Marie Barré. Une reconnaissance pour cette éleveuse de vaches Jersiaises qui, avec son mari Thierry, a développé en trente ans une ferme laitière biologique avec un atelier de transformation.

Vendredi 9h00 à la Ferté-Bernard, c’est jour de marché pour Anne-Marie Barré. Comme chaque semaine depuis 2005, elle y vend du beurre, de la crème fraîche et de la tomme, fabriqués à partir du lait de vaches jersiaises, le tout en agriculture biologique. Au fil des années, ses produits ont su conquérir une clientèle fidèle, séduite par leur qualité et leur goût. « C’est le moment que je préfère dans mon métier, cette relation avec les clients. Je sais pourquoi je travaille », explique Anne- Marie. Cela va faire bientôt 30 ans que l’agricultrice est installée à Berfay dans la Sarthe avec son mari Thierry. Alors que la retraite se profile à l’horizon, Anne-Marie note avec une pointe de fierté, « nous avons réussi à mettre en place un beau système ».

Le parcours

Flash-back en 1968. Née en banlieue parisienne, Anne-Marie a vécu toute son enfance à Argenteuil, loin du milieu agricole. Toutefois,
l’attrait pour le vivant était déjà présent. « Toute petite, on me demandait ce que je voulais faire, je répondais fermière », se souvient-elle. Pour ses études, elle s’oriente vers un IUT de biologie appliquée à Créteil. En deuxième année, elle opte pour une spécialisation en agronomie à Angers, où elle rencontre son futur mari, Thierry. C’est là que son intérêt pour l’agriculture grandit avec l’idée de s’installer un jour.
Pendant que Thierry poursuit en école d’ingénieur, Anne-Marie commence à travailler dans l’animation syndicale, puis elle repart se former à Dijon où elle obtient un diplôme d’oenologue. Le couple part ensuite dans l’Orne, Anne-Marie travaille dans l’atelier cidricole d’un lycée agricole tandis que Thierry devient conseiller de gestion, un métier qui lui permet d’identifier les typologies de fermes et les systèmes d’exploitation qui leur plairaient pour s’installer. Cette idée commence clairement à prendre forme. D’autant plus que
« le statut de salarié ne me convenait pas », ajoute Anne-Marie.


Le grand saut

« On s’est mis à chercher une ferme laitière sur tout l’ouest de la France » explique Anne-Marie. Les visites s’enchaînent. En 1995, le couple arrive dans la cour d’une ferme à Berfay dans la Sarthe. Elle se remémore sa première impression : « J’ai dit à mon mari, encore une visite pour rien ». Finalement, la ferme correspond exactement à leurs attentes, avec un maximum de terres à proximité et la possibilité de louer les bâtiments dans un premier temps pour se lancer. Le 1er août 1996, elle devient officiellement exploitante. « C’était pour moi... je ne voulais pas être juste une conjointe collaboratrice ».
Elle sera vite rejointe par Thierry. Dès le démarrage, la ferme se distingue par son troupeau de vaches jersiaises en système tout à l’herbe. « Elles nous avaient tapé dans l’oeil », précise l’éleveuse qui apprécie par ailleurs leur petite taille facilitant les manipulations.

Le passage à l’agriculture biologique se fait rapidement, dès 1997. « La conversion en bio était un choix réfléchi, une évidence même », affirme-t-elle. En 2002 survient la première crise du lait biologique. Alors que la ferme livre l’intégralité de sa production en laiterie à Biolait, le contexte devient instable. Le revenu dégagé par l’exploitation ne suffit plus pour deux personnes. Trois options sont mises sur la table. « Soit un de nous partait à l’extérieur, soit on s’agrandissait, soit on créait de la valeur ajoutée », Le choix sera celui de la transformation.
Compte tenu de ses études en biochimie et oenologie, Anne-Marie était déjà familiarisée avec l’hygiène et la qualité, inhérentes à tout projet de valorisation du lait. Thierry, lui, s’occupera des animaux. La voici partie à Surgères (79) en formation professionnelle, jonglant entre son travail à la ferme, la vie de famille et le montage du projet.

Une production qui trouve son public

En septembre 2003 a lieu la première transformation du lait dans le tout nouveau laboratoire de 50 m². Le lait des vaches jersiaises, riche en matières grasses et en protéines, est idéal pour le beurre, la crème et le fromage. « J’ai choisi de fabriquer de la tomme, car c’est un produit qui évolue avec le temps, un peu comme le bon vin », explique l’ancienne oenologue. « Et puis, cela requiert peu d’investissement, à part une cave de maturation ».
Dans un premier temps, Anne-Marie et Thierry commercialisent leurs produits chez Biocoop au Mans, tout en continuant d’être apporteurs pour Biolait. En 2005, ils intègrent, à la Ferté-Bernard un marché de producteurs dans le cadre d’un GIE de vente directe. C’est leur principal débouché désormais.

Une histoire à poursuivre

Quand Anne-Marie fait le bilan, elle n’a pas éprouvé de barrières particulières en tant que femme. « Honnêtement, je n’ai jamais ressenti de frein. Peut-être que c’est aussi dû à notre système autonome qui nous a permis d’être indépendants » confie-t-elle. Aujourd’hui, elle est fière du chemin parcouru. « On est vraiment dans la fonction première d’un agriculteur, nourrir les gens, avec des retours directs de nos clients, et ça c’est une satisfaction énorme », dit-elle. Anne-Marie envisage l’avenir avec sérénité, anticipant la recherche d’un repreneur à partir de septembre 2026. Tous les scénarios sont ouverts, elle envisage même d’offrir la possibilité de louer la ferme pour permettre à des jeunes même sans capital, de s’installer.

 

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Le Cniel
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