L'herbe du Soudan et les sorghos multi-coupes hybrides se prêtent bien au pâturage d’été et d’arrière-saison. « Le sorgho multi-coupes était autrefois la "roue de secours" lors des années sèches », explique Olivier Estrade du semencier Barenbrug, qui propose plusieurs variétés de sorgho à son catalogue. « Les variétés multi-coupes de type Sudangrass (herbe du Soudan) comme Barsudan ou les variétés hybrides (Sudan x Bicolor) telles que Lussi produisent rapidement du fourrage en grande quantité, notamment durant la période estivale. Ce sont des plantes qui s’adaptent bien y compris dans le nord car elles ont une forte vigueur au départ et ne nécessitent pas de désherbage. Le cycle de végétation assez court permet de semer le sorgho au semoir à céréales (20-25 kg /ha) en dérobée, après une moisson de méteil ou d’orge par exemple. »
Le type Sudangrass est plus précoce que le type hybride. « Les variétés multi-coupes ont un potentiel de rendement de 8 à 13 tonnes de MS/ha avec deux à cinq exploitations entre juin et octobre selon les précipitations. Dans de bonnes conditions, le sorgho peut pousser de 6 cm par jour. » Cette graminée estivale s’adapte bien aux conditions séchantes. Son besoin en eau est inférieur de 40 % à celui du maïs. Les sorghos multi-coupes peuvent également être associés avec des trèfles annuels, comme le trèfle d'Alexandrie en cas de semis tardif.
Conduite au pâturage : attention au sorgho jeune !
Cette herbe appétente ne contient pas d’amidon et présente une valeur énergétique honnête (au pâturage : valeurs de 0,7 Ufl à l’épiaison à 0,81 Ufl à la montaison). La toxicité au pâturage liée à l’acide cyanhydrique de l’herbe du Soudan à un stade jeune, est relativement faible et le pâturage ou l’affouragement en vert sont possibles à 40-50 cm. Les hybrides ont une plus forte toxicité à un jeune stade et devront être exploités à une hauteur de végétation de 60 à 70 cm.
Un doute ? Mieux vaut faucher et attendre un jour
« Lorsque l’on n'est pas trop sûr du stade et de la hauteur, mieux vaut couper le fourrage 24 heures avant de le donner car le fanage diminue les risques. Il faut également éviter de faire pâturer en milieu de journée, au moment où la photosynthèse est maximale et la teneur en durrhine (responsable de la formation d’acide cyanhydrique) est la plus élevée. De même, il peut être recommandé de complémenter avec une nourriture riche en amidon qui diminue la vitesse de formation de l’acide dans le rumen », recommande-t-on chez Barenbrug.
Le pâturage au fil-avant est recommandé et le front d’avancement doit être rapide. Il faut exploiter avant que la hauteur n’atteigne 1,2 mètre pour éviter d’avoir trop de refus. Ces derniers (ou les excédents non pâturés) peuvent être fauchés et distribués en vert, ou enrubannés après deux-trois jours de préfanage.
Exploitation en enrubannage
Dans de bonnes conditions, la première coupe peut se faire 45 jours à deux mois après le semis avec un potentiel de 4 à 6 tonnes de matière sèche. L’herbe du Soudan est préférable au sorgho hybride pour la récolte en foin ou en enrubannage. Les tiges des variétés hybrides risquent de perforer les bottes d’enrubannage et se fanent moins bien.
La fauche ne doit pas être faite trop basse (une dizaine de centimètres minimum). Un talon de fauche suffisamment haut facilite la ventilation pour le préfanage (deux à trois jours) et contribue à la repousse de la culture. Ensuite, les bottes rondes d’enrubannage devront être stockées sur un de leurs côtés plats. Ce fourrage peut également être ensilé et conservé en silo.
Une fois que les épis sortent, le sorgho multi-coupes perd en qualité :
Valeurs nutritives | ||||
Stade | Ufl | Ufv | Pdin | Pdie |
Montaison | 0.81 | 0.74 | 119 | 93 |
1 semaine avant début épaison | 0.75 | 0.67 | 81 | 78 |
Début épaison | 0.72 | 0.64 | 77 | 76 |
Epaison | 0.69 | 0.69 | 68 | 71 |
30 unités après chaque coupe
La fertilisation se raisonne en fonction du potentiel de la parcelle. Une trentaine d’unités d’azote après la levée et après chaque exploitation permettent une bonne production. Le phosphore limite les risques de toxicité et la potasse aide la plante à résister au sec. Un apport de 60 à 80 unités/ha est suffisant.
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