Menu

Valorisation du laitCant’Avey’Lot : le pari gagnant d’éleveurs laitiers

En janvier 2016, Cant’Avey’Lot s’est vue décerner par la Banque populaire, le Prix national de la dynamique agricole et de la pêche, dans la catégorie « initiative collective ». (©Trame)
En janvier 2016, Cant’Avey’Lot s’est vue décerner par la Banque populaire, le Prix national de la dynamique agricole et de la pêche, dans la catégorie « initiative collective ». (©Trame)

En 2010, une trentaine d’éleveurs du Lot, du Cantal et de l’Aveyron se regroupent en association dans le but d’obtenir une plus juste et meilleure rémunération du lait. Le projet mature et six ans plus tard, c’est la coopérative Cant’Avey’Lot qui commercialise près de 10 millions de litres de lait en briques ou bouteilles, fromages et yaourts. Tous les producteurs ont le label Bleu-Blanc-Cœur afin d’améliorer la qualité nutritionnelle de leurs produits.

En 2009, afin de faire face aux récurrentes crises du lait et d’assurer aux producteurs un revenu correct toute l’année, un pari audacieux est lancé par une poignée de producteurs lotois. En effet, le Groupement d’intérêt économique Sud Lait, basé à Montauban, apprend que le contrat avec une laiterie espagnole n’est pas renouvelé. Après réflexion, 26 éleveurs laitiers de la vallée du Lot décident en 2012 de se réunir en association, forme juridique la plus rapide pour débuter. Leur objectif est d’obtenir une plus juste et meilleure rémunération de leur lait.

Un projet piloté par les producteurs

Dans un premier temps, le groupe investit dans un camion et un atelier de collecte, de stockage et de refroidissement du lait, afin de l’expédier en Italie ou en Espagne. En 2011, ils sollicitent Terra Lacta pour embouteiller leur lait sous la marque déposée « Vallée du Lot ».

En juillet 2011, pour se différencier et donner une plus-value à leur lait, les producteurs décident de s’engager dans la démarche Bleu-Blanc-Cœur (cf. encadré) dont ils obtiennent le label en 2012. Un cahier des charges impose notamment des règles pour l’alimentation des animaux (herbe, luzerne, graines de lin) et des engagements environnementaux au niveau des exploitations (cf. encadré « La démarche éco-méthane »). Ces pratiques produisent des bénéfices nutritionnels au niveau des produits (acides gras oméga 3 notamment), ce qui est vérifié par deux analyses de lait chaque mois chez chaque producteur.

En octobre 2011, le groupe se structure en SAS (28 producteurs) et implante son siège à Bagnac-sur-Célé (Lot). La mission de la SAS est commerciale : les producteurs défendent directement leur lait auprès des centrales d’achat et des distributeurs. Ils décrochent ainsi une série de contrats : Géant Casino, Leclerc, Intermarché. Des grossistes écoulent aussi ce lait auprès de la petite distribution (Spar, Utile…). Les éleveurs parviennent aussi à le faire référencer dans les magasins Franprix à Paris. En 2011, c’est un million de litres de lait qui est vendu par la SAS.

L’association Cant’Avey’Lot est conservée et s’occupe de l’animation auprès des consommateurs, de l’achat du lait et de la revente à la SAS. Les producteurs assurent eux-mêmes la promotion de leur brique en organisant chaque semaine des animations au contact direct des consommateurs.

Toute une gamme de produits

En 2014, la SAS construit son propre local, équipé d’une partie administrative (bureaux pour les salariés et membres du bureau, d’une salle de réunion) et d’une partie pour le stockage du lait (tanks verticaux refroidisseurs), salle d’analyses, vestiaires. La SAS installe sur chaque exploitation actionnaire, un tank. De nouveaux produits sont créés comme la tome qui sert à la fabrication de l’Aligot « Bleu Blanc Cœur » avec la Maison Carrier (Aveyron).

En juillet 2014, le groupe change d’embouteilleur et signe un contrat avec la laiterie Saint-Denis-de-l’Hôtel (LSDH).

En septembre 2015, les éleveurs créent la coopérative Cant’Avey’Lot. Sa mission est d’assurer la collecte et la commercialisation à la place de l’association. La SAS reste propriétaire des biens immobiliers et mobiliers qu’elle loue à la coopérative. Ce sont les mêmes acteurs au sein des trois structures : association, SAS et Coopérative.

En décembre 2015, la marque est baptisée « Les 30 fermes de Cant’Avey’Lot ».

En octobre 2016, la coopérative développe de nouveaux produits : le fromage Lou Mirabel, avec la coopérative fromagère de St Bonnet de Salers (Cantal) et des yaourts au lait entier nature et vanille.

Les projets tournent aujourd’hui autour de la mise en place d’un atelier de fabrication de crème et beurre pour que l’écrémage et la pasteurisation se fassent avant que le lait parte pour l’embouteillage. Il serait alors déjà ½ écrémé. Cela valoriserait mieux le lait, car, à ce jour, la matière grasse est revendue.

Plus de 9 millions de litres produits chaque année

La production est réalisée chez les 30 producteurs actionnaires et concentrée dans un rayon limité de 30 km, sur le Pays de Figeac, principalement dans le Lot mais aussi dans le Cantal et l’Aveyron.

Camion laitier
10 millions de litres de lait sont collectés chez les 30 producteurs actionnaires, dans un rayon limité de 30 km entre le Lot, le Cantal et l’Aveyron.(©Trame)

En 2016, sur les 9 millions de litres de lait produits chaque année, 7 millions sont transformés en briques et bouteilles UHT. La moitié est commercialisée dans la région, l’autre moitié est écoulée en région parisienne.

Un million de litres de lait est transformé en tome (100 tonnes), 250 000 litres sont transformés en fromage Lou Mirabel (25 tonnes) et 1 million de litres est vendu à l’export (Italie et Espagne).

Concernant les lieux de vente, les produits de Cant’Avey’Lot sont présents chez la plupart des distributeurs dans le Sud-Ouest (Leclerc, Intermarché, Géant Casino). Ils sont également distribués à Paris dans les magasins Franprix.

Une reconnaissance et une plus-value

Le collectif est aujourd’hui reconnu. En janvier 2016, Cant’Avey’Lot s’est vue décerner par la Banque populaire, le Prix national de la dynamique agricole et de la pêche, dans la catégorie « initiative collective ». Ce prix récompense les professionnels de l’agriculture et de la mer pour les initiatives qu’ils mènent au sein de leurs exploitations.

Concernant la plus-value pour le producteur, en 2016, le lait UHT a été valorisé à 410 euros/1 000 litres, alors que la moyenne annuelle du prix du lait était de 350 euros/1 000 litres.

La coopérative, qui réalise 6 millions de chiffre d’affaires, a créé cinq emplois : un responsable de site, une commerciale, une secrétaire, et deux chauffeurs qui collectent le lait des 30 fermes.

Les produits de la coopérative
 On trouve les produits Cant’Avey’Lot jusque dans les magasins Franprix à Paris. (©Trame)

La communication

Concernant la communication, le groupe a mis en place un site Internet www.cantaveylot.fr et un compte Facebook, pour une meilleure information du grand public.  

Il y a régulièrement des animations dans les points de vente, dans des salons ou autres manifestations porteuses. En plus de cela, d’autres actions sont réalisées :

  • une PLV (publicité sur le lieu de vente) distribuée dans les points de ventes ;
  • des participations à des salons, comme le salon de l’Agriculture à Paris ;
  • des publicités sur des radios ;
  • des visites de fermes ;
  • la participation aux journées lait avec les écoles, club de sport ;
  • divers articles dans les journaux locaux et parisiens ainsi que des reportages télévisés.

Une vraie coopération

Cant’Avey’Lot crée aussi des mécanismes de solidarité : il arrive que celle-ci fasse des avances de trésorerie en versant la paie par anticipation. La coopérative emploie aussi deux personnes qui peuvent faire des remplacements dans les exploitations en cas de congés ou d’imprévus. Le regroupement permet aussi de compenser un peu la solitude et l’isolement des agriculteurs : le groupe essaie d’aider les éleveurs partant à la retraite à trouver des repreneurs, même si la tâche est ardue.

Réagir à cet article

Sur le même sujet