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Crise laitièreA 200 €/t, les producteurs américains et néo-zélandais résisteront

A 200 €/t, les producteurs américains et néo-zélandais résisteront

André Pflimlin, ancien collaborateur à l’Idele réputé pour ses prises de position sur l’élevage, estime que la prochaine crise laitière est inévitable. La production mondiale de lait croît plus vite que le rythme de la consommation. Elle se traduira par une baisse du prix du lait dont les producteurs européens seront les premières victimes.

Troupeau de vaches laitières en Nouvelle Zélande.
Troupeau de vaches laitières en Nouvelle-Zélande. Avec des animaux nourris à l'herbe, le coût de production du litre de lait est un des plus compétitifs au monde. (©Terre-net Média.)

Tous inégaux pour faire face aux conséquences de la prochaine crise laitière ! Telle est la principale conclusion de l’analyse à laquelle s’est livré André Pflimlin, expert de la filière laitière lors de l’assemblée générale de la Confédération paysanne du Finistère. Selon lui, « la libéralisation de la production laitière en Europe risque de provoquer une baisse des prix fatale pour de nombreux producteurs. Elle provoquera même une crise comparable à celle de 2009 ». Et les éleveurs européens seront les moins armés pour y résister, les Irlandais exceptés. L’île a en effet les moyens de produire du lait à 150 € la tonne pour un prix d’intervention de 215 €/t, souligne André Pflimlin.

En Nouvelle-Zélande, « même si le prix du lait descendait à 200 €/t, les éleveurs résisteraient sans peine ! » compte tenu de leurs faibles coûts de production. Avec une baisse acquise de plus de 30 % du prix actuellement payé, ils auront les moyens d'en supporter les conséquences financières. De 400 €/t, le prix passerait ainsi au début de l’année 2015 à 260 €/t.

Aux Etats-Unis, « le nouveau dispositif de garantie de marge sur coût alimentaire (Farm Bill 2014-2018) entrera en vigueur début 2015. Il est ouvert à tous les producteurs, quelle que soit la taille du troupeau. Et il constitue un véritable filet de sécurité puisqu’il sera appliqué quel que soit le niveau du prix mondial des produits laitiers.

Face aux Américains, aux Néo-zélandais, voire aux Australiens, les Européens seront particulièrement démunis. En adoptant la réforme de la Pac de 2014/2020, « l’Union européenne a opté pour une libéralisation de la production laitière sans maintien de filet de sécurité », déplore André Pflimlin.

Commissaire européen jusqu’en novembre prochain, Dacian Ciolos pourtant « soucieux des risques de dérapage de la production laitière et des prix », n’a pas pu « remettre en cause la stratégie libérale de la Commission validée par le Conseil et par le Parlement européen ». « Il a cependant mis en place un observatoire du marché laitier accessible à tous et actualisé chaque semaine, permettant de bien suivre la montée de la vague laitière ».

Or les systèmes de production européens ne permettent pas aux éleveurs d’être compétitifs à 215 €/t, le prix d’intervention équivalent en poudre de lait et en beurre de lait. Avec un coût de production de 150 €/t, seuls  les éleveurs irlandais seraient encore en mesure de dégager un revenu à ce niveau de prix.

 

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