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Installations agricolesDes solutions foncièrement inédites ?

 L'obstacle majeur : le prix des exploitations à acheter. (©Adobe Stock)
L'obstacle majeur : le prix des exploitations à acheter. (©Adobe Stock)

En France, difficile de s’installer en agriculture sans buter sur le ticket d’entrée, sauf à s’endetter à vie… Montages en société, interventions de start-up comme Eloi, Fermes en vie (Feve) ou La Ceinture verte, portage de foncier ou d’activité, les solutions ne manquent pas aujourd’hui pour attirer, en particulier, les porteurs de projet non issus du monde agricole, mais pas seulement. Et s’affranchir ainsi de la fameuse barrière du prix.

« Il existe aujourd’hui plusieurs dispositifs intervenant dans les parcours d’installation agricole, avec différentes approches, que ce soit par le foncier, par les cédants, par les porteurs de projet ou via la demande des collectivités », explique Cécile Gazo, doctorante en sociologie à l’école agro de Toulouse (INP-Ensat). Commençons par les stratégies reposant sur le foncier. Celles-ci ont recours à des investisseurs particuliers ou à des fonds d’investissement.

« L’objectif est d’acquérir le foncier pour le découper et y installer des agriculteurs. Ce que fait la start-up Fermes en vie (Feve), avec une forte dimension agroécologique et une recherche de synergies entre les différents projets, typiquement entre l’élevage et les cultures. C’est séduisant sur le papier mais, dans la réalité, pas forcément très évident à mettre en œuvre, juge-t-elle. Il y a en fait presque autant de modèles que d’opérateurs. Dans le cadre de La Ceinture verte, autre dispositif, cela fonctionne plutôt sur le démarchage de communautés d’agglomération et passe par le montage de Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) qui créent de toutes pièces des fermes clé en main. »

Là, pour le candidat à l'installation, plus question de fermage et donc de redevance annuelle, mais plutôt d’un loyer mensuel versé pour des hectares, un peu de matériel et l’accompagnement (2 ha, trois tunnels et l’accès à l’irrigation par exemple en maraîchage). Quant aux start-up, créées plus récemment, elles sont parvenues à réaliser quelques installations, comme celle de Camille Touzeau et Raphaël Marquet à qui Feve a donné un coup de pouce. Pour rejoindre leur ferme, Magnantru, il faut savoir se perdre dans le bocage des Deux-Sèvres, faire confiance au GPS pour dénicher ce lieu qui fait aussi intimement partie de leur histoire. Ils se sont rencontrés où ils étaient alors salariés. 

Épargne citoyenne

Après avoir enchaîné les boulots pour d’autres, ils ont cherché à s’installer au moment de la crise du Covid 19. Les offres n’étaient guère alléchantes, jusqu’à ce qu’ils retombent sur l’idée de la ferme de Magnantru, son troupeau de bovins, son gîte, son atelier de transformation de volailles, son réseau de clients en circuit court… Un potentiel repéré par Feve : « L’idée de départ, pour nous, c’était d’aider à accélérer la transition agroécologique, explique son directeur général, Simon Bestel. Or, très vite, nous nous sommes rendu compte des difficultés que pose l’installation des agriculteurs dans ce schéma. Avec l'obstacle majeur du prix des exploitations à acheter. »

D’où la solution de la mutualisation de l’épargne participative avec une foncière solidaire. « Nous récoltons de l’argent d’abord auprès de citoyens, avant de nous intéresser aux acteurs institutionnels, et nous finançons l’achat des exploitations. » Une fois l’argent collecté, six millions d’euros depuis sa création il y a deux ans, Feve achète des exploitations, portées dans le cadre d’une Scic, et elle les confie, par le biais d’un bail rural à clauses environnementales, aux agriculteurs qu’elle accompagne...

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