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Didier Guillaume, ministre et candidatVous reprendrez bien un « demi (-ministre) » ? « Non, merci ! »

En se portant candidat à la mairie de Biarritz, Didier Guillaume attise une certaine défiance à son égard de la part des responsables professionnels agricoles et des agriculteurs.
En se portant candidat à la mairie de Biarritz, Didier Guillaume attise une certaine défiance à son égard de la part des responsables professionnels agricoles et des agriculteurs. (©Terre-net Média - Pixabay)

Comment rester ministre à plein temps quand on ambitionne d’être maire d’une commune de 25 000 habitants à l’autre bout de la France en mars prochain ? La candidature de Didier Guillaume à la mairie de Biarritz passe mal chez les responsables agricoles et les agriculteurs.

 

Une chose est sûre : Didier Guillaume, actuel ministre de l’agriculture et candidat à la mairie de Biarritz aux Élections municipales 2020, a promis de se consacrer à 100 % à ses administrés basques s’il est élu. Autrement dit : s’il sort vainqueur de ce scrutin le soir du 22 mars prochain, il démissionnera de son poste de ministre de l’agriculture. «  Je serai maire à plein temps », a affirmé Didier Guillaume lors de l’officialisation de sa candidature le 11 janvier, assurant qu’il « ne serait plus au Gouvernement ». Soit. Les Biarrots peuvent se réjouir de cette promesse. Mais avant cela, règne un certain flou.

D’ici le 22 mars prochain, sera-t-il « ministre à plein temps » ? Les agriculteurs devront-ils au contraire compter sur un « demi-ministre » ? La question est directement soulevée par la Confédération paysanne. «  Ce n'est pas comme s'il fallait négocier la prochaine réforme de la politique agricole commune. (…) Ce n'est pas comme s'il fallait organiser la transition de l'agriculture vers l'agro-écologie paysanne. (…) Ce n'est pas comme s'il fallait tout faire pour permettre à nos retraités actuels et à venir de recevoir une meilleure retraite », résume le syndicat.

A la FNSEA, Christiane Lambert ne pose pas la question. Elle affirme. «  C’est son choix. Nous, nous souhaitons avoir un ministre à temps plein. Nous lui avons dit. Nous avons besoin d’un ministre très impliqué. Pour qu’un ministre pèse, il faut un ministre présent. » La présidente du syndicat majoritaire se souvient bien de « la fonction de porte-parole du Gouvernement (qui) assurée par Stéphane Le Foll quand il était ministre avait suscité aussi beaucoup d'interrogations ».

Quant au président de la Coordination rurale, il fait peu de cas de l’actuel locataire de l’Hôtel de Villeroy (le siège du ministère, ndlr). «  Je lui ai dit ouvertement. Les revenus des agriculteurs ne se sont pas améliorés. Il n’a pas fait le job. (…) On veut un vrai ministère. Mais on s’aperçoit que, d’années en années, ce ministère perd de la puissance. »

Alors que, comme le rappellent les syndicats, de très nombreux dossiers importants sont à gérer, dont celui de la réforme de la Pac, plusieurs questions restent sans réponse. Si Didier Guillaume consacre pleinement son temps à sa fonction de ministre, comment – et quand – fera-t-il campagne ? Peut-on être ministre « à plein temps » et mener une campagne municipale à 780 km – et a minima 4h30 de trajet – de son ministère ? S’il a déclaré son intention d’être « maire à plein temps », n’affiche-t-il pas déjà son désintérêt pour les dossiers agricoles ? Et si, finalement, il n'accède pas au fauteuil de maire qu'il convoite, pourra-t-il rester ministre après avoir témoigné son souhait de ne plus l'être pendant deux mois ?

Ce feuilleton politique qui irrite les syndicats n'est pas sans rappeler un autre épisode : il y a deux ans, Didier Guillaume avait pris la décision « mûrement réfléchie » de quitter la vie politique, avant de se raviser quelques jours après. 

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