![]() Au bout de plusieurs semaines, le lisier déshydraté forme un épais matelas. (© Terre-net Média) |
Gagner plus d’une heure par jour
Depuis octobre 2012, l’Earl Fouque-Lefevbre a investi dans un séparateur de phases de marque Miro. « Au niveau confort, je trouve que les tapis et les matelas sont froids et pas très agréables dans une stabulation », estime Frédéric Fouque, éleveur d’un troupeau de 120 vaches, principalement des Normandes, à Massy en Seine-Maritime.
« Nous avons choisi cette technique essentiellement pour gagner du temps. Avant, nous passions une heure par jour à pailler nos 160 logettes (vaches et génisses), sans parler du travail de manutention au niveau de la fumière et de l’épandage des fumiers. Aujourd’hui, avec la gestion 100 % lisier, on s’affranchit de ce travail. Il faut juste passer un coup de râteau à l’arrière des logettes et mettre du compost une à deux fois par semaine.
Cela n’a pas été évident au départ, le séparateur a rencontré quelques problèmes, et il a bien fallu deux mois avant qu’un matelas d’une bonne épaisseur se forme et se tienne bien dans les logettes, notamment sur la partie arrière. Pour le moment, ce compost est distribué deux fois par semaine à la pailleuse. Et nous allons nous équiper d’un godet distributeur de litière Emily », raconte l’éleveur normand, par ailleurs transformateur de fromages Neufchâtel.
D’après Romain Lapostolle de la société Hnte qui a installé le séparateur à l’Earl Fouque-Lefebvre « dans d’autres exploitations, les logettes sont paillées avec du compost tous les 15 jours seulement. Le principe est de distribuer des petites couches au départ, puis, une fois qu’un bon matelas s’est créé, d’augmenter la quantité et de réduire la fréquence de paillage ».
« Cela ne colle plus aux trayons »
Le "compost" peut être plus ou moins sec selon le type de séparateur choisi. « Pour mettre le compost dans les logettes, il faut qu’il sorte du séparateur avec un taux d’humidité d’environ 32 % de matière sèche », explique Romain Lapostolle.
Pour commencer, les associés du Gaec Fouque-Lefebvre ajoutent un asséchant dans le lisier déshydraté. Il ne faut surtout pas rajouter de paille dans les logettes pour éviter les fermentations. Selon Frédéric Fouque, après seulement quatre mois d’expérience, les mamelles sont assez propres et le "compost" ne colle plus aux trayons comment cela a pu être le cas au départ. Les 120 normandes tournent aux alentours de 200.000 cellules, ce qui a peu évolué depuis le changement de litière.
30 % de capacité de stockage en moins
« Le séparateur et l’armoire électrique nous ont couté 27.500 euros, à cela il faut ajouter les coûts de la préfosse, de la pompe à lisier, de la maçonnerie et de la fosse géomembrane extérieure », indique Frédéric Fouque.
Un des avantages du séparateur de phases, en plus de ne pas utiliser de paille, c’est de limiter les besoins de stockage des effluents. « Le volume de la fosse peut-être réduit d’environ un tiers par rapport à un lisier de bovins classique. C’est avantageux pour les élevages d’une centaine de vaches et plus. Pour des stabulations de grande taille, investir dans un séparateur de phases s’avère généralement plus économique que les matelas », indique Romain Lapostolle.
Les trois associés de l’Earl Fouque-Lefebvre pensent également investir dans un épandeur à lisier avec des rampes à pendillards. Le "compost" en excédent, pourra être épandu autour des habitations car il est inodore.
Séparateur de phases : comment cela fonctionne ?
Les lisiers tombent dans une préfosse (environ 2 mètres de large sur 3 m de profondeur) située au bout des couloirs de raclage. Une pompe conduit le lisier vers le séparateur. Cette pompe peut également servir au brassage de la préfosse pour éviter qu’une croûte se forme en surface. Le séparateur de phases est situé en hauteur au-dessus d’une petite aire bétonnée couverte. Un moteur électrique fait tourner une vis sans fin au bout de laquelle se trouve une grille qui sépare les parties solide et liquide du lisier. Le "compost" obtenu par cette vis compacteuse tombe en tas sur l’aire bétonnée et le lisier liquide est évacué vers une fosse extérieure (géomembrane ou autre). Au bout de quelques heures, la phase solide du lisier perd son odeur caractéristique et sent légèrement le terreau. Le "compost" obtenu par séparation de phases ne fermente pas et il peut être directement utilisé en litière. |
Le séparateur de l'Earl Fouque-Lefebvre en images :
![]() Séparateur de phases à vis compacteuse de marque Miro. (© Terre-net Média) |
![]() La préfosse se trouve au bout des couloirs nettoyés par un racleur à chaîne. (© Terre-net Média) |
![]() Le lisier déshydraté peut être distribué à la pailleuse. (© Terre-net Média) |
![]() Les logettes après le passage de la "pailleuse". (© Terre-net Média) |
![]() Les cellules dans le lait n'ont pas forcément augmenté. (© Terre-net Média) |
![]() Les génisses ont aussi droit à leurs logettes ! (© Terre-net Média) |
![]() Le séparateur permet de faire des économies sur la taille de la fosse à lisier. (© Terre-net Média) |