Que les sucreries manquent de betteraves « n'étonne pas » Landry avec « les canicules et sécheresses à répétition ».
« La faute aux politiques et aux écolos »
Quant à maxens, ce sont « les politiques qui s'étonnent » qui le surprennent. « Ce n'est pas comme si la profession ne les avait pas prévenus des conséquences de leurs décisions... », justifie-t-il. Et en plus, « ils jugent les entreprises », insiste no.
maxens s'énerve : « "Pour l'instant, il a pas frappé le puceron" a déclaré le ministre de l'économie ?? (...) S'il frappe, c'est l'agriculteur qui paiera encore la note, parce que les indemnisations, on sait ce que cela vaut. Le ministre ferait mieux de reconnaître que les politiques se sont gouré et corriger, ou alors annoncer clairement combien toucheront les agris qui devront être indemnisés... » « Que connaît-il de la betterave sucrière − culture dans les champs et extraction du sucre en usine − pour donner des leçons ? », renchérit Rutabaga.
« (...) Dire que Napoléon avait obligé les agriculteurs français, par deux décrets en 1811 et 1812, à cultiver des betteraves sucrières pour produire du sucre afin de contrer le blocus organisé par les Anglais et assurer la souveraineté sucrière de la France... (...) », fait remarquer nico.
Un exécutif hors sol, dans une Europe désunie.
« Un gouvernement en totale déconnexion avec la réalité, avec ce qui se passe dans son propre pays, reprend Terminé. On s'alarme pour une usine qui ferme. C'est la suite logique de la politique qui a désindustrialisée la France et qui lui fait perdre chaque jour de sa souveraineté alimentaire. Comme le reste, les produits agricoles viendront de l'étranger. Faut pas s'étonner de cette situation avec l'interdiction des néonicotinoïdes. Le ministre se déplace par pitié, il n'y pourra rien du tout. C'est avant qu'il faut agir, pas quand le désastre est là. L'exécutif est hors sol dans une Europe désunie qui ne fait qu'appauvrir la France. Ça ne fait que continuer tout simplement... »
« C'est uniquement la faute aux écolos », estime pour sa part Patrick.
Ludovic est du même avis : « Faut juste dire merci aux écolos !! »
Les fautifs, précise Gilles, sont « la jaunisse de la betterave ++ les écolos ++ les normes françaises » toujours plus strictes que dans les autres pays.
Landry maintient : « L'année dernière, c'est surtout la sécheresse qui a planté les planteurs. »
« Encore un secteur industriel qui va disparaître »
Pour Rutabaga, « il ne faut pas se tromper de responsable. » « (...) Pourquoi les agriculteurs produisent de moins en moins de betteraves ? », interroge-t-il, répondant dans la foulée : « Parce que nos politiques ont interdit le seul insecticide efficace contre les pucerons vecteurs du virus de la jaunisse. Dès l'interdiction du Gaucho, la France a perdu le quart de sa récolte de betteraves. C'est hypocrite de faire les surpris aujourd'hui devant une conséquence annoncée. » Et d'ajouter : « Personnellement, je n'ai jamais vu une abeille dans un champ de betteraves puisqu'elles fleuriraient en deuxième année de végétation et sont arrachées en fin de première année. (...) Alors que la matière active du Gaucho imprègne les colliers anti-puces des chiens et chats caressés par les enfants à l'intérieur des logements. (...) »
La betterave prend le même chemin que le nucléaire.
Momo partage son point de vue : « L'usine de Cagny fut fermée par choix du groupe à laquelle elle appartenait (et ce n'était pas Tereos). Or, des producteurs, il y en avait, certains se sont retrouvés avec des arracheuses quasiment neuves impossibles à amortir. La production diminue plus à cause des usines qui ferment et contraignent les producteurs à arrêter les betteraves, que l'inverse. » Pour illustrer ses propos, il prend l'exemple du lin : « Ici quand les usines de teillage s'installent, il n'y a aucun souci pour trouver des gars prêts à implanter. »
Maxens poursuit : « Les salariés récoltent ce que les écolos ont semé et ce n'est peut-être qu'un début. Mais pas sûr qu'ils accusent les bonnes personnes... » Il revient sur le côté « prévisible » de la baisse de production de betteraves : « aucun agri n'a intérêt à faire une culture aussi onéreuse pour perdre de l'argent. »
eric17 "s'amuse" que « la CGT se lamente ». « Allez vous lamenter auprès de vos copains d'EELV », exhorte-t-il. « Vous trouverez sans doute un terrain d'entente pour supprimer un autre secteur industriel porteur d'emplois, ironise-t-il, craignant que « (...) la culture de betterave prenne le même chemin que le nucléaire ».
« On achètera du sucre à l'étranger »
kesteman propose « d'envoyer la note à Emmanuel Macron et son ministre de l'agriculture qui se sont couchés devant les fonctionnaires de Bruxelles » alors que d'autres pays, « comme l'Allemagne, autorisent l'épandage des néonicotinoïdes ». « Après la France pourra leur racheter leur sucre plein tarif, redoute-t-il. Résultat (...) : un commerce extérieur plus que positif pour eux et négatif pour nous (...) »
« La stratégie économique de cette Europe est simplement affligeante », résume eric17. Lui pense que « la production de betterave va se décentraliser petit à petit en Ukraine ». « Et pour les néonicotinoïdes, nous fermerons les yeux, comme pour les OGM. (...) », déplore-t-il.
Mickael appuie, sur un ton ironique : « C'est pas grave, c'est moins cher à l'étranger ».
Et Frédéric d'insister : « (...) Le sucre viendra de l'autre bout du monde. » Avant de reparler des « 149 emplois en moins ».
« 149 ?? C'est trois fois plus » si l'on compte toutes « les entreprises impactées à côté », lance Grégory. « Les transporteurs et fournisseurs de machines pour la sucrerie qui ferme, les sélectionneurs de variétés, fournisseurs de produits phytos, engrais et matériels spécifiques de semis et d'arrachage » pour les producteurs qui arrêtent les betteraves suite à cette fermeture, détaille Rutabaga.
Moins cher, mais pas aux mêmes normes...
« Les Brésiliens se marrent de nos con... Continuons comme ça ! », enchaîne Sébastien.
« L'Europe est prête à importer massivement des Pays de l'Est ou du Brésil pour tuer l'agriculture française ! », lance arandau2.
« Le pire dans l'histoire, c'est que le sucre va manquer au niveau mondial », déplore moi-même.
patience considère, au contraire, que « la betterave n'est pas fini, c'était juste les + 300 €/t de blé qui ont fait tourner la tête de beaucoup de producteurs ». « Ils vont bientôt revenir sur terre quand le blé sera à 200 € et la betterave reprendra des couleurs », projette-t-il.
En tout cas, selon Jean-Michel, ce n'est pas la fermeture de l'usine Tereos d'Escaudœuvres « qui va faire baisser le prix de la pulpe de betterave ».
Et céréalier de conclure : « Les premières fermetures d'usines agro-alimentaires arrivent, ce n'est que le début ! Merci les écolos intégristes (...), vous ne voulez pas des néonicotinoïdes, vous aurez du sucre de betteraves américaines OGM traitées au Roundup ! Merci les députés européens déconnectés de la réalité et grassement payés (...), vous ne pouvez pas vous empêcher de créer de nouvelles taxes, normes, règlements stupides, et bien maintenant venez sur le terrain expliquer vos décisions. Merci Président Macron pour avoir respecter tes promesses. Merci les salariés peu motivés qui se mettent en grève si souvent. (...) Merci les syndicalistes qui incitent à la grève pour un oui ou pour un non. (...) La France se meurt, tout le monde le voit, mais personne ne se donne la peine de changer le cap. (...) Prochaines productions à subir ces crises : le lait et les produits laitiers, qui ont déjà connu une hausse de prix de 30 à 50 %, et qui va encore s'amplifier avec les futures règles que Bruxelles va nous sortir pour l'élevage en Europe. (...) Ou la viande qui subit les assauts des vegans et autres anti-spécistes depuis plusieurs années. (...) Avant la fin de la décennie, la France aura perdu un sacré paquet d'industries, et la nourriture sera importée de l'autre bout du monde. (...) »