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Plan EauL'agriculture va devoir irriguer plus de surfaces avec autant d'eau

Dans le plan eau, le monde agricole a obtenu un objectif de « stabilisation » de ses propres prélèvements, destinés à l'irrigation. (©Terre-net Média)
Dans le plan eau, le monde agricole a obtenu un objectif de « stabilisation » de ses propres prélèvements, destinés à l'irrigation. (©Terre-net Média)

L'agriculture va pouvoir continuer à prélever autant d'eau, mais va devoir elle aussi « faire œuvre de sobriété » : les quantités utilisées par hectare vont devoir baisser pour compenser l'augmentation des surfaces à irriguer à cause du réchauffement climatique, a expliqué vendredi son ministre Marc Fesneau (article mis à jour à 20h49).

Dans un appel à la sobriété de tous les secteurs de l'économie, le président Emmanuel Macron a fixé jeudi un objectif de réduire de 10 % les prélèvements annuels d'eau douce en France d'ici 2030.

Mais le monde agricole a obtenu pour sa part un objectif de « stabilisation » de ses propres prélèvements, destinés à l'irrigation (3,2 milliards de mètres cubes en 2019). Mécaniquement, les autres secteurs (refroidissement des centrales, eau potable et industrie) devront faire plus d'efforts pour compenser.

« Je suis heureux de l'arbitrage » obtenu, « on ne redemande pas un effort supplémentaire » aux agriculteurs, s'était félicité jeudi Marc Fesneau devant les membres de la FNSEA, syndicat majoritaire réuni en congrès à Angers au moment des annonces présidentielles.

Pour autant, « l'agriculture a besoin de faire œuvre de sobriété », a dû répéter vendredi le ministre lors d'une conférence de presse à Paris. Le réchauffement climatique, synonyme en France d'étés de plus en plus chauds et secs dans les prochaines décennies, va en effet augmenter les surfaces nécessitant d'être irriguées pendant la saison estivale, quand la ressource est faible. L'agriculture dans son ensemble va donc devoir réduire la quantité d'eau utilisée à l'hectare pour ne pas prélever plus dans les nappes phréatiques et les cours d'eau.

Il faut « s'assurer que l'agriculture aura l'eau dont elle a besoin pour faire pousser les plantes », a justifié vendredi le ministre. « On dit aux agriculteurs : "vous devez être plus sobres à l'hectare", mais pas "vous aurez moins d'irrigation pour produire" ».

Concrètement, une moindre utilisation de l'eau à l'hectare peut passer par l'emploi « de systèmes plus économes » comme celui du goutte à goutte, qui délivre la bonne quantité d'eau aux plantes. Il est déjà répandu dans le maraîchage et l'arboriculture, où il permet « d'économiser 30 % par rapport au système classique ».

Le ministère évoque aussi une évolution des cultures sur certains territoires plus ou moins affectés par la sécheresse. « On a besoin de réfléchir à la géographie de nos productions », a souligné Marc Fesneau.

Les surfaces irriguées représentent environ 7 % des terres cultivées en France, dont la moitié pour le maïs. Mais le nombre d'hectares concernés a déjà augmenté de 14,6 % entre 2010 et 2020, selon la fédération France nature environnement, qui a constaté cette tendance dans toutes les régions.

Le syndicat agricole majoritaire FNSEA « se félicite du regard spécifique porté sur l'agriculture dans le plan eau, le ministre évoquant la stabilisation des prélèvements et l'absence d'effort supplémentaire pour les agriculteurs sur les prélèvements globaux », dans un communiqué publié vendredi.

La préservation de la « capacité de production alimentaire » permise par ce plan « nécessitera un accompagnement volontariste au regard de l'ampleur des changements à venir », prévient le syndicat.

Dans le cadre de ce plan, les moyens des agences de l'eau seront rehaussés de 475 millions d'euros par an. Pris sur cette enveloppe, 30 millions seront « consacrés au soutien des pratiques agricoles économes en eau ».

Un fonds d'investissement hydraulique agricole, doté de 30 millions d'euros, sera destiné à l'entretien des ouvrages existants (retenues, canaux) et au développement de « nouveaux projets dans le respect des équilibres des usages et des écosystèmes » (dont des retenues de substitution, appelées bassines par leurs détracteurs).

Un soutien renforcé « aux pratiques agricoles à bas niveau d'intrants sur les aires d'alimentation de captage » est également prévu, à hauteur de 50 millions d'euros.

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