Menu

Crise laitière européenneDes éleveurs de l’EMB manifestent pour dénoncer le choix du stockage privé

Dans huit pays européens, des producteurs laitiers ont symboliquement jeté de la poudre de lait pour dénoncer les mesures prises par la Commission européenne pour faire face à la surproduction laitière. (©Terre-net Média)
Dans huit pays européens, des producteurs laitiers ont symboliquement jeté de la poudre de lait pour dénoncer les mesures prises par la Commission européenne pour faire face à la surproduction laitière. (©Terre-net Média)

Dans au moins huit pays européens, dont la France, des éleveurs membres de l’European Milk Board manifestent malgré les mesures de confinement pour dénoncer le recours européen au stockage privé pour faire face à la surproduction laitière. Ils réclament la « mise en place d’un programme de réduction de la production coordonné au niveau européen ».

 

Leurs appels ont été relayés sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook : les éleveurs membres de l’ European Milk BoardFrance Milk Board mais aussi l’Apli en France – manifestent jeudi 7 mai dans au moins huit pays européens pour dénoncer les mesures prises par la Commission européenne pour faire face à la surproduction laitière.

« Aujourd’hui, dans toute l’UE, le lait écrémé en poudre est devenu le symbole du mauvais cap suivi par la gestion de crise de l’Union européenne dans le secteur laitier. Nous devons changer de cap afin de pouvoir vraiment faire face à cette crise », explique  Erwin Schöpges, président de l’European Milk Board (EMB).

«  Avoir recours à l’aide au stockage privé pour affronter la crise du lait, sans programme de réduction de la production coordonné au niveau européen, est une erreur », poursuit-il, exprimant ainsi son rejet des mesures prises par l’UE. « Alors que le marché européen est à nouveau inondé de lait et que les prix dévissent, seule une réduction des volumes de lait produits dans toute l’UE permettrait de calmer le jeu. Le stockage de produits déjà transformés, tels que le lait en poudre, le beurre et le fromage, ne réduit pas la pression sur le prix au producteur, car ces produits continuent de faire partie de l’offre excédentaire en produits laitiers. »

Comme dans les Hauts-de-France, il fait très beau en Lituanie ce jeudi 7 mai.

« Réduction volontaire de la production : oui, stockage : non »

« Nous comptons exprimer clairement notre déception face à cette décision erronée », poursuit le leader de l’EMB. « Ces actions sont liées à un appel constructif envers la Commission européenne, pour lui demander d’ activer maintenant un programme de réduction volontaire de la production dans toute l’Europe. »

« Cette réduction des volumes doit être coordonnée par l’UE afin qu’elle puisse s’appliquer à l’ensemble du territoire européen. L’autorisation temporaire accordée par l’UE entre autres aux organisations de producteurs (OP) et aux organisations interprofessionnelles, leur permettant de planifier des réductions de production (conformément à l’article 222 de l’OCM), n’apporte rien non plus dans la situation actuelle de crise », poursuit pour sa part Sieta van Keimpema, la vice-présidente de l’EMB.

Cliquez sur le curseur pour lancer la vidéo.

« Au niveau européen, les organisations de producteurs et les organisations interprofessionnelles ne sont pas structurées de façon à pouvoir mettre en œuvre une telle réduction des volumes », rappellent-ils. C’est pourquoi ces organisations ne peuvent obtenir, au mieux, que des réductions sporadiques. Les effets sur le marché du lait de l’UE dans son ensemble ne se ressentiront à peine. Il faut donc que la Commission européenne prenne en main la coordination de la réduction pour pouvoir obtenir des effets positifs sur l’ensemble du territoire. »

« Affaiblis par les crises, les producteurs ne peuvent pas financer les réductions seuls »

Les organisations de producteurs existantes sont financées par les producteurs. Pour mettre en œuvre une réduction volontaire, avec une indemnité par litre non produit, il faut lever des fonds. Les producteurs ne les ont simplement pas, encore moins en cette nouvelle période de crise. L’argent  que la Commission va injecter dans le stockage privé devrait donc être utilisé pour une réduction de la production coordonnée à l’échelon de l’UE.

« On ne peut pas comparer la planification de la production notamment par les OP ou les interprofessions avec un programme de réduction de la production coordonné par la Commission européenne. Ces deux mesures ont déjà été mises en œuvre en 2016. À la grande différence que la planification de la production n’a eu aucun impact sur les prix du lait dans l’UE, alors que la réduction coordonnée des volumes dans l’UE a permis de faire remonter les prix de l’abîme où la crise les avait plongés. »

« Nous avons informé la Commission européenne, le Parlement et les ministres nationaux de la situation actuellement très difficile des producteurs et nous les avons prévenus que le marché du lait allait s’effondrer si aucune mesure efficace n’était prise.  La décision actuelle va à nouveau mener à la création de montagnes de lait en poudre et de tours de beurre dans des entrepôts et plonger, une fois de plus, les producteurs dans une crise profonde », dénonce Erwin Schöpges. « Pourquoi n’arrive-t-on pas à tirer les leçons des erreurs du passé ? »

[slideshow post_id="394"]

L'essentiel des revendications de l'EMB

«  Pour endiguer la crise du lait :

  •  Une mesure de gestion de crise doit s’attaquer directement aux volumes de lait.
  • L’UE devrait prendre ses responsabilités, avec ses producteurs de lait. Il faut lancer un programme qui puisse être accessible dans tous les pays de l’UE. Les producteurs de lait qui sont prêts à réduire leur volume de production recevraient, par l’intermédiaire de ce programme, une indemnité par litre de lait non produit.
  • Nous devons éviter de former des tours de beurre et des montagnes de lait en poudre en subventionnant le stockage de produits déjà transformés. Les produits stockés continuent de faire partie de l’offre existante et pèsent sur les prix du lait. Il serait donc plus judicieux de consacrer les 30 millions d'euros annoncés pour financer un programme de réduction des volumes plutôt que le stockage privé. 
  • L’UE devrait se permettre de tirer les leçons des erreurs du passé. Les aides au stockage privé et l’autorisation accordée, entre autres, aux organisations de producteurs et aux interprofessions de réduire la production au niveau régional (pas dans l’ensemble de l’UE) ont totalement échoué en tant qu’instrument lors de la crise de 2015-2017. Par contre, le programme européen de réduction des volumes a fonctionné. »

 

Réagir à cet article

Sur le même sujet