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Prix Pinocchio, accords commerciauxLa Confédération paysanne a toujours l’industrialisation agricole dans le nez

Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, aux côtés de Jean-François Périgné (trésorier) et Véronique Marchesseau (secrétaire nationale) lors d'une conférence de presse jeudi 23 janvier 2020.<br />(©Terre-net Média)
Nicolas Girod, porte-parole de la Confédération paysanne, aux côtés de Jean-François Périgné (trésorier) et Véronique Marchesseau (secrétaire nationale) lors d'une conférence de presse jeudi 23 janvier 2020.
(©Terre-net Média)

Entre son opposition à la réforme des retraites et à tous les accords de libre-échange entre l’UE et le reste du monde, la Confédération paysanne entend conserver, pour 2020, son fil rouge historique qu’est son « combat contre l’industrialisation de l’agriculture ». Le syndicat s’associe, cette année, à l’association Les amis de la terre, pour remettre, lors du prochain salon de l’agriculture, le prix Pinocchio. Les groupes Lactalis, Bigard et Yara sont en lice pour obtenir cet « anti-prix » visant à dénoncer leur impact social et environnemental.

Pour le retour du prix Pinocchio, après cinq ans d’absence, la Confédération paysanne s’associe à son organisateur, l’association Les amis de la Terre, pour décerner, lors du prochain Salon de l’agriculture fin février prochain, un prix spécialisé cette année sur la thématique de l’agriculture.

Cet « anti-prix » vise à « récompenser » une entreprise pour le décalage entre sa communication d'un côté, et la « réalité de ses actes » en matière notamment environnementale. Trois groupes agricoles sont ainsi nominés et les internautes sont invités, par leur vote, à les départager : Lactalis, nommée pour « se faire du blé avec les produits laitiers », Bigard, pour la « face cachée de (son) steak », et le groupe Yara dans la catégorie baptisée « les engrais chimiques, c'est magique ».

Derrière ce partenariat dans ce prix sarcastique, la Confédération paysanne entend relancer son « combat contre l’industrialisation de l’agriculture » - son fil rouge syndical depuis sa création – avec le concours d’autres comme le Réseau action climat, France nature environnement ou encore la CGT Agri. « L’industrialisation de l’agriculture vise à produire toujours plus avec toujours moins de paysans », a dénoncé Nicolas Girod, le porte-parole de la Confédération paysanne lors d’une conférence de presse jeudi 23 janvier. Et derrière ce fil rouge anti-« fermes usines » se cachent plusieurs dossiers de prédilection pour le syndicat.

Les pesticides ont été une arme pour les pays du Nord pour produire toujours plus et toujours moins cher.

« La semaine dernière, nous étions en action au Sival (le salon des productions végétales à Angers, NDLR) pour dénoncer les nouveaux OGM que les semenciers veulent imposer, les OGM sont un des outils de l’industrialisation », poursuit le syndicaliste. Au même titre, selon la « Conf’ », que les produits phytosanitaires. « Sur ce dossier des phytos, nous ne voulons pas nous focaliser sur le volet sanitaire. Les pesticides ont été une arme pour les pays du Nord pour produire toujours plus et toujours moins cher. On en voit aujourd’hui à la fois les dégâts environnementaux, mais aussi les dégâts sociaux. » Le syndicat se pose ainsi la question : « Comment accompagner les agriculteurs vers une sortie des pesticides ? » « L’objectif est de rendre les paysans moins dépendants. »

Outre les « dégâts » causés par les OGM ou les produits phytos, le syndicat va continuer de dénoncer « tous les accords de libre-échange ». « Nous sommes contre. Qu’ils soient entre pays du Nord, ou entre pays du Nord et pays du Sud, ce sont des accords perdants-perdants pour tout le monde », martèle Jean-François Périgné, trésorier du syndicat.

« Ces accords sont un encouragement à une agriculture mondialisée et industrialisée, avec toujours le credo de la compétitivité, de l’accroissement de la concurrence et de la baisse des prix. » La Confédération paysanne estime qu’ils « favorisent toujours plus le moins-disant environnemental ».

« Il faut mettre l’alimentation à part de ces accords. L’alimentation ne peut pas se traiter comme des ventes de bagnoles. Didier Guillaume l’avait lui-même dit au Space. Sauf que dans les faits, rien ne bouge. »

Mais le syndicat ne veut pas être taxé de promoteur d’une certaine « autarcie ». Les agriculteurs et les consommateurs doivent simplement se poser les bonnes questions : Que veut-on exporter ? Et surtout à quelle valeur ? »

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