Support pédagogique pour l’école Agro Paris Tech, la ferme de Grignon (78) s’est lancée depuis 12 ans dans une démarche de haute performance productive et environnementale. « Nous voulions faire la démonstration à l’échelle d’une exploitation que l’on pouvait concilier les performances environnementales et économiques », précise Sophie Carton, la responsable de ce projet « Grignon énergie positive ». Habituée des travaux expérimentaux, la ferme est équipée pour pouvoir mesurer les améliorations permises par les changements de pratiques.
Etape par étape, les pratiques ont été améliorées pour réduire l’empreinte environnementale de l’élevage de 200 vaches. La première étape a été l’implantation de luzerne, récoltée en foin et en ensilage. « En plus de l’intérêt pour la ration, la luzerne a fait du bien à nos rotations et a permis de diminuer l’utilisation de phytos », souligne Sophie Carton. Puis le lisier a été épandu sur le blé et les génisses mises au pâturage. « Grâce à l’équipement d’un agriculteur voisin, nous avons eu aussi la possibilité de produire des tourteaux de colza gras », poursuit Sophie Carton. Du coup, la rotation s’est enrichie de colza mais aussi de légumineuses.
De même, la fertilisation est conduite au plus près grâce à des sondes dans les parcelles. Depuis 2014, la ferme de Grignon s’est lancée dans la micro-méthanisation grâce à la couverture de sa fosse. Le biogaz produit sert à l’atelier de transformation des produits laitiers. « Avec les nouveaux tarifs de rachat du biogaz, nous réfléchissons à changer d’échelle et à installer une unité de méthanisation ». Mais tous les essais ne se sont pas révélés concluants. « Nous avons testé différentes rations pour réduire le méthane entérique mais aucune n’était concluante », relate Sophie Carton.
Bilan de tous ses changements, en 2006, la ferme de Grignon émettait l’équivalent de 1 kg de CO2 par litre de lait produit. En 2015, elle est descendue à 0,85. « Surtout grâce au gain d’autonomie sur l’alimentation et la meilleure gestion des effluents, estime l’ingénieure. Le stockage du carbone a été amélioré par l’augmentation des prairies, le non-labour, des cultures intermédiaires ». Côté résultat économique, le statut particulier de cet élevage qui ne fonctionne qu’avec des salariés rend difficile l’évaluation d’un surcoût ou au contraire, d’un gain de revenu.
« Il existe toujours des voies d’amélioration, encourage Sophie Carton. Il faut réfléchir à son système, en intégrant les opportunités de son environnement, par exemple d’échanges de cultures, d’accès à des coproduits. Mais il est clair que l’amélioration des performances climatiques ne s’oppose pas aux performances économiques ».