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Réforme de l'assurance récoltePas de « choc assurantiel » mais un net intérêt des agriculteurs estime Groupama

Jean-Yves Dagès, président de Groupama. (©Terre-net Média)
Jean-Yves Dagès, président de Groupama. (©Terre-net Média)

Entrée en vigueur au 1er janvier, la réforme de l’assurance récolte ne se traduit pas par un « choc assurantiel », mais le nombre de contrats signés est en augmentation significative, souligne Groupama, qui enregistre une croissance de 550 000 hectares toutes filières confondues. (Article publié initialement à 15h55)

Sans surprise, l’année 2022 a été marquée par une forte sinistralité dans le secteur agricole, a indiqué Groupama lors de son point annuel, le 27 février. Sécheresse estivale, vagues de chaleur, mais également orages de grêle d’une ampleur territoriale inédite ont fortement touché le secteur agricole. Ainsi, 60 % des assurés multirisque climatique (MRC) ont déclaré un sinistre sécheresse, soit 700 000 ha. Au total, l’assureur enregistre plus de 26 500 déclarations de sinistres, 80,4 % sur les grandes cultures, 18,7 % sur les vignes et 0,8 % sur les vergers.

Le maïs s’avère la culture la plus touchée, avec 412 000 ha sinistrés. Chez Groupama, qui assure la moitié des surfaces assurées en maïs en France, soit 14 % de la sole totale de maïs, cette production a représenté 30 % de la charge totale, tous aléas confondus, avec un rapport sinistre/cotisation de 200 %, indique Nadia Roignant-Creis, directrice du marché agricole.

Réforme de l’assurance : des premiers résultats positifs

Au-delà de la spécificité de 2022, la tendance est surtout « à l’augmentation des à-coups, compliqués à conduire pour les agriculteurs avec un impact sur le choix des assolements et sur les rendements », explique François Schmitt, président délégué de Groupama, amené à prendre dans deux mois la suite de l’actuel président Jean-Yves Dagès. Ces à-coups, liés au changement climatique, légitiment ainsi la réforme de l’assurance, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 2023 avec l’objectif d’augmenter de 30 % le nombre d’agriculteurs assurés dans toutes les filières.

L’assureur estime ainsi que les premiers résultats sont positifs : la campagne de commercialisation, qui a commencé en janvier et non pas en septembre comme les autres années, en raison de la mise en place de la réforme, enregistre une croissance de 550 000 hectares supplémentaires toutes filières confondues. L’impact du fonds de solidarité national (qui intervient au-delà 50 % de perte pour les grandes cultures et la viticulture, et de 30 % pour autres filières), la subvention à 70 % et la franchise désormais à 20 % présentent une attractivité réelle pour les agriculteurs, avec des tarifs en baisse, l’ampleur de cette diminution variant énormément selon les exploitations, les productions et les régions, explique François Schmitt.

Une appétence nouvelle sur les prairies, mais « pas de choc assurantiel »

Avec la réforme, l’assurance des prairies repose désormais sur l’assurance paramétrique, avec un indice qui ne fait pas consensus dans le secteur de l’élevage. « La carte a questionné les éleveurs, car l’indice ne percevrait pas la sécheresse de l’été dans toutes les zones », rappelle Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles du groupe. Or « le satellite voit la sécheresse, par contre quand on la compare et on la cumule à la moyenne olympique, en relatif, la pousse de l’herbe sur la partie nord de la France a été supérieure, en 2022 », explique-t-il. L’assureur reconnait un travail important d’information et de pédagogie à faire autour de cet outil, mais enregistre tout de même 2 700 contrats souscrits depuis le début de l’année, pour plus de 270 000 ha et près de 220 M€ de capitaux assurés. Si « l’outil ne répond pas à un historique de référence qu’on a en tête, le climat de demain personne ne peut le prévoir, notamment la succession d’à-coups », rappelle de son côté François Schmitt, lui-même polyculteur-éleveur en Moselle.

Pour autant, « ce n’est pas le choc assurantiel que nous avions espéré », souligne Pascal Viné, notamment en raison de la moyenne olympique, impactée par plusieurs mauvaises années successives, et qui réduit le potentiel d’indemnisation. D’autres aspects de la réforme doivent également entrer en vigueur dans les prochains mois : le dispositif d’interlocuteur agréé, qui, en fonction des attentes précises des pouvoirs publics vis-à-vis du rôle des assureurs, aura un coût différent qu’il faut préciser ; ainsi que le groupement d’assureurs qui doit permettre la mise en commun des bases de données pour permettre à chaque exploitation de trouver une offre attractive, correspondant à sa production.

Néanmoins, « l’assurance est un outil qui protège des à-coups mais ne corrige pas les tendances, on a besoin tous ensemble de travailler à l’adaptation à ce dérèglement qui a des impacts importants », ajoute François Schmitt. Groupama remplira son rôle de prévention et d’information sur les moyens de protection, tout en garantissant « des tarifs au juste prix », insiste de son côté Jean-Yves Dagès. « Nous sommes une organisation professionnelle agricole, n’avons jamais gagné d’argent sur ce dispositif. L’objectif de Groupama depuis le départ n’est pas de gagner un euro mais d’apporter la résilience voulue à l’agriculture française », tient ainsi à rappeler le président de Groupama.

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