Un agrandissement peut apporter le meilleur mais aussi le pire pour votre exploitation. La première question à se poser est de vérifier si cet investissement est rentable. Mais il convient aussi d’évaluer avec attention l’incidence sur la trésorerie de l’entreprise. Dans tous les cas, les facteurs travail et capital devront être pris en compte.
Apprécier la rentabilité du projet
Quelle incidence sur le coût de production du lait ? Pour le savoir, il est judicieux de calculer le coût marginal de production, c’est à dire de production des litres de lait supplémentaires. On considère généralement que jusqu’à 10 000 l en plus et sans vaches supplémentaires, le coût de production marginal du litre de lait est de 100 euros/1000 l. A partir de 50 000l, le coût marginal passe à 200 euros/1000l en réponse au renouvellement, aux modifications de la salle de traite, à l’adaptation du parc matériel… A partir de 100 000 l, l’impact de l’agrandissement sur la main d’œuvre, les frais financiers et les bâtiments entraîne de tels investissements que le coût marginal atteint ou majore le coût de production actuel. Dans ce cas, l’opération n’améliore pas la rentabilité de l’entreprise, au moins dans un premier temps.
Mesurer le point d’équilibre
Mais attention une opération peut être opportune sous l’angle de la rentabilité (coût de production) et poser problème sous l’angle de la trésorerie du fait des engagements financiers et des besoins privés. C’est seulement en comparant le prix d’équilibre du litre de lait au prix payé par la laiterie hors ADL, que l’on peut juger si le projet est réalisable sous l’angle de la trésorerie.
Au delà de l’argent, il faudra souvent repenser l’organisation afin de ne pas augmenter la charge de travail.
Enfin, la cohérence patrimoniale de la future exploitation est sans doute un des éléments majeurs pour la décision finale. Successeur familial ? Mon exploitation sera t’elle plus attractive ? Quid en cas de baisse des primes et de disparition des quotas ?
Dans tous les cas, toute tactique de croissance consiste à être à l’affût des redistributions gratuites, à passer, le cas échéant, des alliances préalables et à envisager dès le départ les investissements de renouvellement.
Deux situations d’agrandissement avec des issues contrastées:
1er Cas : Une reprise de 30 000 l bénéfique L’exploitation : 280 000 litres de lait, 62 ha de SAU, 46 vaches laitières. Le projet : Reprise de 30 000 litres de lait sur 8 hectares sans investissement (génisses amouillantes en excédents). Le résultat : L’opération est rentable et laisse aussi une marge de sécurité au niveau de la trésorerie.
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2ème cas : L’emploi d’un vacher sera décisive L’exploitation : 300 000 litres de lait, 70 ha SAU. Le projet : Achat pour 90 000 euros (emprunt de 4,5% sur 15 ans) d’une exploitation existante de 20 ha avec 80 000 litres de lait et un bâtiment en état correct. Nécessité d’acquérir 10 VL pour 13 000 euros (emprunt à 4,5 % sur 4 ans). Une partie des génisses sont transférées dans ce nouveau bâtiment afin de loger les VL supplémentaires. Le recourt à un vacher pour un 1/4 temps dans le cadre d’un groupement d’employeur serait souhaitable. Le résultat :
L’hypothèse 1 permet d’améliorer la rentabilité et ne grève pas le point d’équilibre. |