Une sécheresse historique sévit en Espagne depuis l’hiver, aggravée fin avril par une vague de chaleur précoce qui a vu le mercure exploser des records pour cette période de l’année.
La situation est critique pour les productions agricoles. « La perte de 3,5 Mha de céréales n’est pas une fable », twittait le 2 mai l’agrométéorologue Serge Zaka, ajoutant deux jours plus tard que « c’est en quelque sorte toute l’agriculture espagnole non irriguée de l’année 2023 qui est maintenant menacée ».
[Thread] La sécheresse espagnole est un cauchemar sans fin pour les agriculteurs. La perte de 3,5 millions d'hectare de céréales n'est pas une fable (333x taille de Paris). Le pire ? On était déjà en sécheresse en 2022.
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) May 2, 2023
Les plaines agricoles de Madrid.
??2022 & ??2023
1/5#Sequia pic.twitter.com/B3IwBKHrHJ
Strictement AUCUNE AMELIORATION de l'indice hydrique des sols espagnols. Nombreuses localités à 0% jusqu'à mi-mai à minima. Après une récolte des cultures d'hiver quasi inexistante (blé, orge...), la menace de lourdes pertes est maintenant présente pour celles de printemps (maïs,… pic.twitter.com/qIIRHFpwPJ
— Dr. Serge Zaka (Dr. Zarge) (@SergeZaka) May 4, 2023
Selon le Coag, principal syndicat agricole en Espagne, le pays doit s’attendre à l’une de ses pires récoltes céréalières du XXIe siècle : sans pluie d’ici fin mai, les pertes atteindraient 9 Mt, pour une production annuelle qui oscille d’habitude entre 18 et 26 Mt (dont 6 à 11 Mt d’orge, 5 à 7 Mt de blé et 3 à 5 Mt de maïs).
Toutes les zones du pays sont touchées et le Coag s’attend à des pertes totales de production pour les agriculteurs situées dans les régions les plus sèches du centre et du sud.
60 % des céréales non irriguées seraient actuellement asphyxiées par le manque de pluie et les cultures irriguées sont aussi menacées, alors que l’état des réserves est de plus en plus préoccupant et que des restrictions sont en place depuis février dans certaines régions, comme la Catalogne et l’Andalousie.
La sécheresse met aussi en grande difficulté le secteur espagnol de l’élevage. Déjà particulièrement touchés par la hausse des coûts énergétiques et alimentaires ces derniers mois, de nombreux éleveurs craignent de manquer de fourrages voire de céréales pour nourrir leurs troupeaux. Cela pourrait mener à une décapitalisation marquée dans les mois qui viennent.
Fin avril, l’Espagne a demandé un soutien d’urgence à l’UE, et a activé des aides fiscales pour les secteurs les plus touchés : élevage, céréales, légumineuses, oléagineux, oliveraies, abricots, pêches, nectarines, amandes et châtaignes.