L'organisation souhaite continuer à organiser des « blocages sur place », a indiqué à l'Afp le porte-parole de la Confédération paysanne, Laurent Pinatel, qui émet des doutes sur la légalité de l'installation. « On bloque. Le deuxième camion qui est venu décharger les vaches a été refoulé. Il est reparti sur la ferme initiale. On reste en place tant qu'on ne saura pas pourquoi par exemple la gendarmerie est venue protéger une installation illégale, tant qu'on ne saura pas pourquoi Michel Ramery (industriel du Btp à la retraite, à l'origine du projet, ndlr) a eu des passe-droits », a-t-il ensuite déclaré lors d'une conférence de presse organisée à la Fête de l'Humanité.
L'organisation est « en train de préparer une procédure d'urgence », qui devrait être déposée lundi au tribunal, a annoncé Laurent Pinatel. Novissen, organisation hostile au projet, avait déjà déposé le 5 septembre un référé en suspension d'exploitation devant le tribunal administratif d'Amiens. La préfecture a indiqué samedi qu'après contrôle cette semaine par les services de l'Etat, l'ensemble des installations ont cependant été déclarées conformes au permis de construire.
Pour Laurent Pinatel, « la préfecture a régularisé les illégalités. (...) Cela veut dire que quelqu'un qui est un peu plus puissant que les autres, quelqu'un qui connaît des gens puissants, on fait une réunion en préfecture, on régularise son dossier, donc aujourd'hui il y a des passe-droits. » « L'Etat doit prendre ses responsabilités pour empêcher une traite illégale au lieu de protéger cet industriel qui s'octroie tous les droits », dénonce l'organisation dans un communiqué de presse. Laurent Pinatel a également dénoncé « des ministres qui ont pris des décisions, (...) il y a le ministre de l'Intérieur qui a pris la décision de laisser partir sous escorte policière l'ensemble des vaches, il y a des gens qui ont signé des passe-droits. Donc on appelle dans le week-end l'ensemble des citoyens et des paysans français à interpeller leur ministre. » « Un peu partout en France, les paysans de la Confédération paysanne sont en train d'interpeller leurs députés », a-t-il encore indiqué.
Les 150 premières vaches laitières du projet controversé de ferme dite des 1.000 vaches à Drucat, près d'Abbeville (Somme), sont arrivées dans la nuit. « Est-ce que les citoyens français veulent une alimentation produite dans des fermes ou en usine ? », a interrogé le porte-parole de la Confédération paysanne.
L'organisation se réjouit néanmoins de l'annonce samedi par le directeur du site que l'utilisation d'un méthaniseur (lieu où est stocké le fumier, ndlr) sera « 100 % agricole ». « C'est une première victoire. On va simplement se battre avec détermination pour (que le directeur de l'exploitation) recule sur l'ensemble du projet ».