En 2018, un Français a consommé en moyenne 23,1 kgec de viande bovine, soit 2 kg de moins qu'il a 10 ans. (©Pixabay)
FranceAgriMer a publié vendredi dernier son étude sur la consommation de produits carnés en France en 2018. Les résultats indiquent des achats en baisse tandis que la consommation augmente.
Comparé à l’année précédente, les achats de viande fraîche des ménages ont diminué de 2,6 % en valeur et de 3 % en volume (évalués à environ 2,1 Mt de produits finis par le panel consommateurs Kantar Worldpanel). En ajoutant les surgelés et la charcuterie, la baisse des achats de viande s’élève à 1,4 % en valeur et 2,5 % en volume.
En revanche, la consommation de viande (basée sur la production et les importations auxquelles on a retranché les exportations) par les Français, est en hausse. En 2018, la consommation totale s'est élevée à 5,9 Mtec (millions de tonnes équivalent carcasse), soit une hausse de 3,3 % par rapport à 2017, indiquent les chiffres de FranceAgriMer. Selon ce mode de calcul, dit « consommation par bilan* », chaque Français a consommé en moyenne 87,5 kgec (kilogrammes équivalent carcasse) de viande en 2018, soit une progression de 2,9 % comparé à 2017, à 85 kgec. Cette augmentation s'appuie sur une envolée de la consommation de viande hors domicile, perceptible notamment pour la restauration à emporter ou à livrer (burgers, kebab, sandwiches), a souligné une responsable de l'organisme. « Les modifications de la structure de la consommation individuelle constatées auparavant se sont également renforcées ». Par ailleurs, l’appétit des Français pour la viande a aussi été freiné par quelques scandales comme celui des lasagnes au cheval.
La consommation de viandes a été de 87,5 kgec/hab en France en 2018. (©FranceAgriMer)
La volaille et le porc : les grands concurrents du bœuf
Ce dynamisme est dû pour l'essentiel à la progression régulière depuis 2010 de la consommation de volailles, seconde viande la plus consommée. Elle s'élève à 29,7 kgec/hab (kilogramme équivalent carcasse par habitant) en 2018, ce qui correspond à un bon de 85 % en 40 ans ! Le prix relativement bas comparé aux autres viandes et « une innovation constante qui accompagne les nouvelles attentes des consommateurs (praticité, forte diversité de produits, goût consensuel, etc.) » permet d'expliquer son succès. C'est le poulet qui suscite le plus d'enthousiasme chez les consommateurs. « Les produits transformés (comme les panés, découpes aromatisées, etc.) sont de loin les plus dynamiques. »
« La viande de porc, y compris sous forme transformée, reste la viande la plus consommée en France, avec 31,9 kgec/hab en 2018, malgré son recul de près de 15 % depuis presque 20 ans », indique l'organisme. La raison viendrait d'un « prix comparativement peu élevé, d’une faible augmentation constatée des prix et d’une importante diversité de produits. »
Quant à la viande ovine, elle est en léger retrait (- 0,1 %), à 2,8 kgec/ha.
Les viandes fraîches non transformées représentent 42,3 % des achats des ménages en 2018, soit un recul de 3 points comparé à 2013. (©FranceAgriMer / Kantar Worldpanel)
La viande bovine retrouve le chemin de la hausse
Depuis 2012, la consommation de viande bovine a été dépassée par celle de volailles. Mais malgré un repli en 2017, elle renoue avec une légère hausse en 2018, à 23,1 kgec/hab. « Le poids de la viande bovine s’était effrité entre 1998 et 2008, il a poursuivi sa diminution sur les dix dernières années (- 2,2 points) ». En 2018, la viande bovine (gros bovins et veau) représente une part de 26,4 % dans la consommation individuelle française de viande. Elle était sur une tendance baissière depuis la fin des années 1990.
« En 10 ans, un Français en a consommé 2 kg de moins, soit 23,1 kgec en 2018 ». En cause : le prix relativement élevé de cette viande d'une part (parmi toutes les catégories de viande, la hausse des prix a été la plus forte pour les viandes de bœuf et de veau entre 2017 et 2018, avec + 1,4 %) mais également tous les discours relatifs à l'impact négatif de la viande rouge sur l'environnement et la santé. Selon FranceAgriMer, ces éléments ont indéniablement contribué à « une certaine désaffection des consommateurs ». Les instituts techniques n'hésitent pourtant pas à rétablir la vérité sur la viande bovine !
En début d'année 2019, l''interprofession bovine avait missionné FranceAgriMer pour mener une étude prospective sur la filière bovine à l'horizon 2040 afin de « servir les décideurs de la filière en vue de l'élaboration de stratégies gagnantes ».
* L'unité de mesure est surtout un outil statistique utilisé dans toute l'Europe permettant les comparaisons et portant sur la totalité de la viande disponible à la sortie des abattoirs c'est-à-dire le muscle, la graisse et les os des animaux tués divisé par le nombre d'habitants. Il ne correspond donc pas à ce qui est réellement ingéré par chaque Français. Néanmoins il donne une tendance sur les évolutions de consommation individuelle.