« Il faut relever le prix d'intervention du lait et de la viande de porc », mais « ça veut dire qu'on impose des baisses de volume », a déclaré Michèle Roux, éleveuse en Dordogne et secrétaire nationale de la Confédération paysanne, lors d'une conférence de presse au Sénat.
Malgré les demandes de plusieurs pays dont la France, l'Union européenne n'envisage pas de relever le prix plancher à partir duquel elle peut racheter ces produits puis les stocker en vue de faire remonter les cours. « Il faudra qu'il y ait des gens qui acceptent de réduire leurs marges, c'est inévitable », a affirmé pour sa part Jean Mouzat, président du Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef), visant particulièrement « les transformateurs, qui font la pluie et le beau temps en matière de prix ».
Alors que la cotation au marché du porc breton (MPB) de Plérin (Côtes-d'Armor) a été suspendue jeudi pour la troisième fois en deux mois, après de nouveaux retraits d'acheteurs, Jean Mouzat a dénoncé les méthodes des « sociétés de transformation qui ne vont plus au marché de cotation parce qu'elles ont les moyens de le bloquer ». « La disparition de Plérin, ce n'est pas grave, si on régule les volumes (...) à condition qu'il y ait un prix plus élevé », a réagi Mme Roux, qualifiant le MPB de « casino » où la production française excédentaire est négociée au rabais.
« Certains paysans vendent au dessous de leur prix de revient, même si [le commissaire européen à l'Agriculture] Phil Hogan pense que c'est impossible », a-t-elle ajouté. Dans un entretien à la web-télévision ViEUws la semaine dernière, Phil Hogan affirmait : « Je ne crois pas que beaucoup d'agriculteurs produisent en dessous de leurs coûts de production. » « Lui, l'être humain, il n'en a rien à faire. Pendant ce temps-là, il y a des paysans qui crèvent », a commenté Michèle Roux.