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Autant dire que le bilan fourrager de la ferme France est plutôt critique : au 31 mai, les ingénieurs des réseaux d’élevage chiffrent le manque de production des surfaces herbagères à 15 millions de tonnes de matière sèche. Le tout sans tenir compte « de la production de maïs ou d’autres fourrage cultivés pour lesquels les jeux ne sont pas encore faits ».
4,6 Mt de pailles pourraient être mobilisées
Face à ce déficit, les ingénieurs se sont penchés sur « la première solution qui vient à l’esprit », à savoir la mobilisation de la paille, et ont sorti leurs calculatrices. Tablant sur une baisse de production de paille de 30 %, soit une production de 17,4 Mt contre 25 Mt en année normale, ces derniers estiment à 5,8 Mt la disponibilité maximale en paille pour l’alimentation des animaux, déduction faite de 11 Mt de paille utilisée en litière et de 0,6 Mt ensilées à un stade immature.
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Complémentée avec 1,5 Mt de céréales en grains et 0,4 Mt de tourteau de soja, la paille fournira 6,5 Mt de fourrage supplémentaire et permettra de combler seulement 43 % du déficit.
La facture pour compenser les pertes dépasserait les 2 milliards d’euros
Outre la paille, l’institut de l’élevage envisage d’autres leviers pour compenser la perte de fourrage. Selon lui, le rationnement des troupeaux, de l’ordre de 7 % pour le cheptel de souche à viande et de 2 % pour le cheptel laitier pourrait faire économiser environ 2,9 Mt de matière sèche supplémentaire.
Autres possibilités : le raccourcissement de la durée de finition des animaux à abattre et l’ajustement des cheptels de souche. « Un raccourcissement de 20 jours environ de la finition des animaux à abattre devrait se traduire par une économie de 0,6 Mt de MS ».
Quant à l’ajustement des cheptels, le réseau d’experts envisage « des abattages accrus par rapport aux prévisions de début d’année de 350.000 vaches et génisses, 66.000 brebis, 20.000 chèvres et 40.000 juments. » Ces abattages anticipés réduiraient la demande de fourrages de 0,9 Mt.Q
Selon les experts du réseau d'élevage, « à condition d’activer tous les leviers d’économie de fourrage, de mobiliser la paille, de compter sur 200.000 hectares de céréales immatures mais aussi sur 3 Mt de stocks de maïs chez les éleveurs, on peut trouver tout juste de quoi compenser le déficit actuel, mais guère plus. »
Reste que l’addition pour les éleveurs s’annonce salée : l’institut de l’élevage estime à plus de 2 milliards le coût de la simple compensation du déficit fourrager (payer la paille, les grains, les tourteaux, pénalisation due à la vente d’animaux plus légers…).
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