En 2018, au congrès de la FNB, les éleveurs avaient accueilli le ministre de l'agriculture avec une banderole dénonçant le projet d'accord commercial UE-Mercosur. (©Terre-net Média)
Vendredi 28 juin : conclusion de l’accord entre la Commission européenne et le Mercosur
Malgré les multiples alertes du monde agricole auprès des élus français et européens, et malgré même la « mise en garde » d’Emmanuel Macron au Brésil sur l’environnement, la Commission européenne a conclu un accord politique de libre-échange avec les pays du Mercosur, vendredi 28 juin dans la soirée.
Cet accord permettra d'éliminer de nombreux droits de douane entre les deux parties au niveau industriel et agricole, mais concerne aussi les services, les marchés publics, les obstacles techniques au commerce, les mesures sanitaires et phytosanitaires et la propriété intellectuelle.
Pour le secteur agricole, l’accord, qui prévoit un quota d’importation vers l’UE de 99 000 tonnes de viande bovine sud-américaine au taux préférentiel de 7,5 %, va fragiliser un peu plus les 85 000 éleveurs français de vaches allaitantes. Il prévoit aussi une ouverture du marché européen pour la volaille – quota de 100 000 tonnes - et l’éthanol – 180 000 tonnes pour le sucre, fragilisant ainsi les filières avicoles et sucrières européennes et françaises.
Samedi 29 juin : premières réactions d’indignation
Dès la confirmation, vendredi, que l’accord avait été conclu, de nombreuses voix se sont élevés pour dénoncer cette issue, à commencer par les agriculteurs.
Lui-même concerné, puisqu’il est éleveur de vaches allaitantes en Saône-et-Loire, l’ancien président de Jeunes agriculteurs et nouveau député européen Renaissance Jérémy Decerle s’est fendu d’un tweet ironique désapprouvant un tel accord.
En parfaite transparence, un vendredi soir, l'accord commercial #UEMercosur est conclu par la Commission sortante. Les consommateurs et les agriculteurs méritaient plus de respect. En tant que député européen je ne peux pas l'approuver.
— Decerle Jérémy (@JDecerle) 28 juin 2019
Lundi 1er juillet : l’accord UE-Mercosur fait l’unanimité contre lui
Passé le week-end, les réactions agricoles se sont rapidement multipliées pour dénoncer un accord jugé néfaste pour l’agriculture et l’environnement.
#Mercosur : la @ConfPaysanne appelle maintenant le Parlement européen @Europarl_FR à ne pas ratifier cet accord. Notre communiqué de presse
— Conf' Paysanne (@ConfPaysanne) 1 juillet 2019
? https://t.co/SCeNGA7t1W pic.twitter.com/XCm8H8fQZb
France - Monde | Accord UE- #Mercosur
— Coordination Rurale (@coordinationrur) 2 juillet 2019
« La CR a demandé une "exception agriculturelle" qui permettrait de sortir les produits agricoles des grandes négociations internationales, pour garantir la souveraineté alimentaire de l’Europe. https://t.co/g3hu6dVe6O via @lebienpublic
Le @ModefNational condamne ce nouvel accord commercial entre l’ #UE et le #Mercosur, générant une #concurrence déloyale. Une introduction massive de viande va engendrer une chute de revenus de 40 % à 50 % pour les #producteurs européens de bovins et de volailles pic.twitter.com/PYO2R5c82c
— MODEF (@ModefNational) 1 juillet 2019
#CETA, #Mercosur : le point de rupture est atteint pour les éleveurs bovins ! pic.twitter.com/rWOkLF8ots
— FNB (@EleveursBovins) 29 juin 2019
L'accord #Mercosur va déstabiliser la filière @_MissBetter, avec le fort risque d'importation massive de sucre et de @bioethanol_fr ??l’équivalent d’une importante sucrerie ?????? @dguillaume26 @EmmanuelMacron @BrunoLeMaire @Economie_Gouv @AGPB_Cerealiers @JeunesAgri @FNSEA pic.twitter.com/mkOmrWhgzm
— CGB (@CGB_FR) 1 juillet 2019
#SoldesEte2019
— Antoine Thibault (@AgriSkippy) 1 juillet 2019
Pour 10 voitures vendues au Brésil vous avez gratos une faillite ou un suicide d'agriculteur
Elle est pas belle la vie? #UEMercosur
Dans la classe politique aussi, les réactions dénonçant l’accord se sont multipliées.
#Mercosur - Je rappelle qu'en avril 2018, lors d'une visite parlementaire d'audit au #Brésil, nous avons eu la preuve que la tracabilite de la filière viande #bovine n'est pas assurée ! Vigilance est de mise sur ces aspects sanitaires @PPE_FR
— Michel DANTIN (@MichelDANTIN) 2 juillet 2019
. @guillaumegarot (SOC) dénonce l'accord de libre-échange avec le #Mercosur, qui met en concurrence des modèles agricoles et alimentaires très différents, et demande au Gvt de saisir l'Assemblée sur l'ensemble du texte avant la ratification. #DirectAN #QAG pic.twitter.com/VsY7GFTeaz
— Assemblée nationale (@AssembleeNat) 2 juillet 2019
De son côté, le ministre de l'agriculture Didier Guillaume tente de rassurer. L'accord commercial UE-Mercosur sur la viande bovine ne sera pas ratifié par la France notamment s'il n'y a « pas de certitude » sur la « traçabilité » des viandes , a-t-il affirmé mardi , ce que la fédération des éleveurs bovins juge « impossible ».
Mardi 2 juillet : De l’indignation aux manifestations
Le syndicalisme majoritaire a décidé, en régions, de manifester contre l’accord conclu vendredi dernier. Dans les Hauts-de-France notamment, plusieurs appels à manifester devant les préfectures ont été donnés, notamment à Beauvais, Arras et Lille. D'autres manifestations sont prévues dans plusieurs villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes ou encore au Puy-en-Velay, à Évreux, à Nantes, à Rouen.
MOBILISATION FDSEA/JA 43 ce soir à 20h30 devant la préfecture au Puy en Velay contre les accords du Mercosur. Venez nombreux avec des vieilles bottes et cottes de travail."Non au sacrifice de l'Agriculture"Présence de Samuel Vandaele, pdt JA National au Puy en Velay. #UEMercosur pic.twitter.com/SoQUg0VMik
— FDSEA HAUTE-LOIRE (@Fdsea43) 2 juillet 2019
[MERCOSUR] Bœuf aux hormones, poulet au Chlore : le nouveau projet agricole de l’Union Européenne ?
— JA Hauts-de-France (@JAHautsdeFrance) 2 juillet 2019
Mobilisations devant les préfectures ce mardi 2 juillet !
N'importons pas l'agriculture que nous ne voulons pas ! pic.twitter.com/PizNF8FzZ5
#MercosurUE L’#agriculture a été utilisée comme monnaie d’échange par l' @UEFrance pour conclure les négociations commerciales. Cet accord est catastrophique ! N’importons pas l’agriculture que nous ne voulons pas ! #FNSEA44+@jeunesagri44 mobilisés mardi soir à Nantes pic.twitter.com/3CiTMODvmr
— FNSEA44 (@FNSEA44) 1 juillet 2019
Quelle est la suite ?
Selon notre confrère de Libération Jean Quatremer, certaines parties de l’accord sont mixtes. Ce qui impose un vote favorable, non seulement du parlement européen, mais aussi des ratifications des États membres de l’UE. Ceci dit, l’accord UE-Mercosur pourra, comme l'a été l’accord Ceta entre l’UE et le Canada, entrer provisoirement en vigueur, de manière progressive, avant même les votes et ratifications définitives.
Je confirme: certaines parties de l’accord sont mixtes. Donc ratifications nationales. On va rire.
— Jean Quatremer (@quatremer) 28 juin 2019